Au coeur des ténèbres: Les Nilotiques
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Au coeur des ténèbres: Les Nilotiques
- Quante vite ha un uomo? Si dice che un uomo onesto ne abbia solo una.
- Mi sembra questo noioso? La mia vita non è stata comunque noiosa e ho perso il conto di tutte le mie vite. E per tornare al nostro caso, dottore, un uomo ricorda sempre la sua prima morte. La mia non fu la più dolorosa, ma fu la più definitiva.
Mais continuons en français : cela vous sera plus facile et nous éviterons les indiscrétions.
A l’époque qui vous intéresse, j’avais un petit emploi de clerc au sein de l’Istituzione que vous connaissez malheureusement trop bien. L’honnêteté ne faisait pas partie de la description de poste et j’arrivais à vivre… confortablement.
Mon chef était un parfait imbécile qui avait tout intérêt à fermer les yeux sur mes activités. Hélas, tout a une fin et je fus un jour convoqué au Siège, à la première heure. L’Istituzione a toujours été plus rigoureuse en ce qui concerne ses propres finances.
Entré discrètement par une porte de service, un secrétaire me fit traverser d’interminables couloirs où nos pas résonnaient lugubrement et je fus introduit dans le bureau du Direttore. Notoirement, un redoutable fils de pute. L’entretien se déroula dans la politesse la plus stricte. Par chance, un choix m’était offert : répondre de mes actes à très court terme ou me racheter en accomplissant une mission à l’étranger. Le choix était diaboliquement simple : je pouvais rester en vie, du moins temporairement, mais je perdais mon âme en intervenant directement dans les affaires de l’Istituzione…
On avait besoin de moi pour organiser l’expédition et envoyer des rapports. Je prenais officiellement la direction de toute l’affaire. Officieusement, des hommes de l’Institution se joindraient à moi et se chargeraient des opérations sur place. Voilà donc comment je me retrouvais embarqué dans cette fameuse aventure à la recherche des membres de l’expédition Ottonello. Pour la presse. Et des trésors de la cité de K pour nos actionnaires.
Je fus rapidement embarqué sur l’un de nos navires à destination d'Alexandrie...
... et remis, au débarquement, à un groupe d’aventuriers chargé de ma protection… rapprochée. Un rendez-vous rapide avec notre représentant régional et je me voyais remettre plusieurs documents officiels et la caisse devant servir à payer notre passage. Je fus de nouveau embarqué sans perdre de temps à bord d'un vapeur qui nous conduisit jusqu'au Caire où je retrouvais le fameux capitaine qui avait recueilli le malheureux Ottonello, à moitié fou, le long des côté érythréennes.
Ce dernier se tenait prêt à appareiller: nous allions remonter le Nil à bord d'un Dahabieh léger manoeuvré par un équipage égyptien.
Je vous ai dit que le Direttore avait le bras long ? Un détachement de soldats et de supplétifs nous attendais là-bas et se rejoignait notre colonne.
Toute cette affaire avait été pliée si rapidement qu'il s'agissait bien entendu d’un coup monté : mon chef n’était peut-être pas aussi stupide que je l’avais cru. Une erreur de jeunesse à ajouter à bien d’autres…
- Durant la traversée, je pris connaissance du dossier sur l'expédition Ottonello, mais je ne peux rien vous apprendre de plus que ce que vous avez trouvé dans les affaires de votre grand-père. Seul le Professore avait été retrouvé : les autres membres n'avaient plus donnée de signe de vie. Les notes de son carnet et ses divagations devaient nous permettre de remonter leur itinéraire jusqu'aux Hauts Plateaux et à la cité de K.
- Vous désirez en savoir plus sur le capitaine ? Le marin me fit une forte impression dés notre première rencontre. Solitaire, individualiste, égocentrique et ironique, il se définissait lui-même comme un gentilhomme de fortune. A l'époque où Ottonello lui était tombé dessus, il trafiquait le long des côtés érythréennes où le commerce des armes florissait. Ses affaires l'avaient déjà conduit très loin à l'intérieur des terres et les liens qu'il avait su tisser avec les tribus nous serviraient au moment d'aborder le Soudan, où à cette époque la révolte couvait encore. Un groupe de guerriers à l'aspect sauvage l'accompagnait. Sans doute pour une dette de sang. Je n'ai jamais pu en être sûr. Ce dont je suis sûr, par contre, c'est qu'il ne se joignit pas à nous pour de l'argent ou tout ce que l'Istituzione avait pu lui promettre. Tout comme Ottonello ne lui est pas tombé dessus par hasard. Un mystère était à l'oeuvre et une force irrésistible s'était emparée de lui, tout comme elle allait s'emparer de nous tous.
- Mi sembra questo noioso? La mia vita non è stata comunque noiosa e ho perso il conto di tutte le mie vite. E per tornare al nostro caso, dottore, un uomo ricorda sempre la sua prima morte. La mia non fu la più dolorosa, ma fu la più definitiva.
Mais continuons en français : cela vous sera plus facile et nous éviterons les indiscrétions.
A l’époque qui vous intéresse, j’avais un petit emploi de clerc au sein de l’Istituzione que vous connaissez malheureusement trop bien. L’honnêteté ne faisait pas partie de la description de poste et j’arrivais à vivre… confortablement.
Mon chef était un parfait imbécile qui avait tout intérêt à fermer les yeux sur mes activités. Hélas, tout a une fin et je fus un jour convoqué au Siège, à la première heure. L’Istituzione a toujours été plus rigoureuse en ce qui concerne ses propres finances.
Entré discrètement par une porte de service, un secrétaire me fit traverser d’interminables couloirs où nos pas résonnaient lugubrement et je fus introduit dans le bureau du Direttore. Notoirement, un redoutable fils de pute. L’entretien se déroula dans la politesse la plus stricte. Par chance, un choix m’était offert : répondre de mes actes à très court terme ou me racheter en accomplissant une mission à l’étranger. Le choix était diaboliquement simple : je pouvais rester en vie, du moins temporairement, mais je perdais mon âme en intervenant directement dans les affaires de l’Istituzione…
On avait besoin de moi pour organiser l’expédition et envoyer des rapports. Je prenais officiellement la direction de toute l’affaire. Officieusement, des hommes de l’Institution se joindraient à moi et se chargeraient des opérations sur place. Voilà donc comment je me retrouvais embarqué dans cette fameuse aventure à la recherche des membres de l’expédition Ottonello. Pour la presse. Et des trésors de la cité de K pour nos actionnaires.
Je fus rapidement embarqué sur l’un de nos navires à destination d'Alexandrie...
... et remis, au débarquement, à un groupe d’aventuriers chargé de ma protection… rapprochée. Un rendez-vous rapide avec notre représentant régional et je me voyais remettre plusieurs documents officiels et la caisse devant servir à payer notre passage. Je fus de nouveau embarqué sans perdre de temps à bord d'un vapeur qui nous conduisit jusqu'au Caire où je retrouvais le fameux capitaine qui avait recueilli le malheureux Ottonello, à moitié fou, le long des côté érythréennes.
Ce dernier se tenait prêt à appareiller: nous allions remonter le Nil à bord d'un Dahabieh léger manoeuvré par un équipage égyptien.
Je vous ai dit que le Direttore avait le bras long ? Un détachement de soldats et de supplétifs nous attendais là-bas et se rejoignait notre colonne.
Toute cette affaire avait été pliée si rapidement qu'il s'agissait bien entendu d’un coup monté : mon chef n’était peut-être pas aussi stupide que je l’avais cru. Une erreur de jeunesse à ajouter à bien d’autres…
- Durant la traversée, je pris connaissance du dossier sur l'expédition Ottonello, mais je ne peux rien vous apprendre de plus que ce que vous avez trouvé dans les affaires de votre grand-père. Seul le Professore avait été retrouvé : les autres membres n'avaient plus donnée de signe de vie. Les notes de son carnet et ses divagations devaient nous permettre de remonter leur itinéraire jusqu'aux Hauts Plateaux et à la cité de K.
- Vous désirez en savoir plus sur le capitaine ? Le marin me fit une forte impression dés notre première rencontre. Solitaire, individualiste, égocentrique et ironique, il se définissait lui-même comme un gentilhomme de fortune. A l'époque où Ottonello lui était tombé dessus, il trafiquait le long des côtés érythréennes où le commerce des armes florissait. Ses affaires l'avaient déjà conduit très loin à l'intérieur des terres et les liens qu'il avait su tisser avec les tribus nous serviraient au moment d'aborder le Soudan, où à cette époque la révolte couvait encore. Un groupe de guerriers à l'aspect sauvage l'accompagnait. Sans doute pour une dette de sang. Je n'ai jamais pu en être sûr. Ce dont je suis sûr, par contre, c'est qu'il ne se joignit pas à nous pour de l'argent ou tout ce que l'Istituzione avait pu lui promettre. Tout comme Ottonello ne lui est pas tombé dessus par hasard. Un mystère était à l'oeuvre et une force irrésistible s'était emparée de lui, tout comme elle allait s'emparer de nous tous.
Dernière édition par Jean-Michel II le Mer 22 Juil - 20:22, édité 7 fois
Jean-Michel II- Messages : 954
Date d'inscription : 22/10/2012
Localisation : 78
wilhelm et Piotr Szut aiment ce message
Re: Au coeur des ténèbres: Les Nilotiques
Une entrée en matière qui met l'eau à la bouche.
J'attends la suite avec impatience ..............
Serge
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Serge
_________________
Heureux les fêlés, ils laissent passer la lumière
Audiard
Piotr Szut- Messages : 216
Date d'inscription : 06/05/2019
Age : 72
Localisation : LE CHEYLAS (38)
Re: Au coeur des ténèbres: Les Nilotiques
Merci.Piotr Szut a écrit:Une entrée en matière qui met l'eau à la bouche.
J'attends la suite avec impatience ..............
Serge
Un après-midi de jeu et 3 parties de pliées, avec un beau morceau de bravoure pour la dernière...
3 CR à venir dont un nouveau scénario. Pour la suite, il faudra attendre la rentrée... Mais Michel 91 a gagné le droit de prendre un peu de repos !
Jean-Michel II- Messages : 954
Date d'inscription : 22/10/2012
Localisation : 78
Piotr Szut aime ce message
Re: Au coeur des ténèbres: Les Nilotiques
Je me conterai donc de ces 3 compte rendus ........ Enfin pour le moment.
Serge
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Audiard
Piotr Szut- Messages : 216
Date d'inscription : 06/05/2019
Age : 72
Localisation : LE CHEYLAS (38)
Re: Au coeur des ténèbres: Les Nilotiques
D'ici la rentrée j'aurai eu largement le temps de former mon second groupe d'éclaireurs, qui vu déjá les performances du premier devrait tout défoncer sur son passage!
Michel 91- Messages : 3459
Date d'inscription : 05/06/2012
Localisation : Essone (91)
Scénario n°1: Mogambo !
Je passais l’intégralité du voyage d’Alexandrie au Caire enfermé dans ma cabine. Prisonnier ? J’eu tout le loisir de vérifier la feuille de route qui m’avait été fournie par notre représentant. Tout y était inscrit : les dates, les contacts et les pots de vin à verser. Les Anglais étaient en Egypte depuis moins de 2 ans et notre pavillon italien présentait quelques avantages. Nous allions progresser sous le couvert d’une mission d’inspection de nos différents postes commerciaux le long du Nil. Un rapide calcul me permit cependant de confirmer une impression générale : l’Istituzione avait l’habitude de serrer la vis à ses employés et notre expédition ne faisait pas exception. Nous allions devoir vivre en partie sur les pays traversés, d’où le nombre élevé de fusils parmi nous, qui n’étaient pas destinés exclusivement à notre protection. Mais j’avais été choisi pour trouver des solutions : les gains réalisés durant nos escales allaient épargner des vies indigènes. Ce dont le marin me fut rapidement reconnaissant. Il n’était pas dans ses projets de mettre ces pays à feu et à sang pour atteindre son but. Les autres membres de la colonne ne manifestaient pas les mêmes scrupules.
Nous quittâmes le Caire à peu près en même temps que la Foca de votre grand-père atteignait Boma.
Le voyage en Haute-Egypte s’effectuait sans difficultés notables. La lente navigation à la voile nous permit de profiter du paysage fantastique qui nous entourait.
Je compris rapidement la justesse du choix de notre navire : les embarcations à vapeur étaient plus rares et faisaient l’objet d’une plus grande attention de la part des autorités. De nombreuses tracasseries les retenaient à quai. Des rendez-vous nocturnes sous le seul regard de palmiers fantomatiques étaient arrangés avec des correspondants pour notre ravitaillement et l’échange de dépêches.
Puis, vint la Basse-Egypte. Le paysage et les indigènes se firent plus sauvages. Et les villages plus rares.
Le pays était magnifique et c’est avec plaisir que je vis approcher notre première véritable escale : un poste dans l’arrière-pays, à plus d’une journée de marche, devait être ravitaillé. L’équipage en profiterai pour effectuer quelques réparations à bord. Nous étions encore à plusieurs jours de navigation du Soudan et de ses troubles, mais les préparatifs armés que j’observai ne présageaient rien de bon : d’un ton indifférent, le marin me conseilla de rester à bord. Devant mon insistance, il me remit en souriant un lourd revolver, en me souhaitant plus de chance que son précédent propriétaire n’en avait eu.
Cette première marche fut une formalité et me donna une fausse impression de ce qui nous attendait. Elle nous permit en tout cas de resserrer les liens entre les différents groupes qui constituaient la colonne et chacun prit la place qui lui revenait naturellement. Le poste fut atteint sans incident. Il était situé à proximité d’une oasis qui constituait un excellent terrain de chasse. J’en profitai pour organiser une grande chasse avec les indigènes de la région. Tirer sur de bêtes sans défense pouvait avoir un effet bénéfique sur mes compagnons. Et si nous rencontrions des bêtes plus féroces, cela me permettrait de me faire une idée de leurs capacités.
Le jour convenu, nous nous retrouvions sur le terrain. Les éclaireurs indigènes avaient exploré les environs de l’oasis et nous garantissaient la présence de gibier.
Nous nous répartîmes en 4 groupes : à l’Est, les aventuriers verrouillaient le terrain par lequel les animaux pouvaient s’enfuir ; les autres groupes étant chargés de les rabattre vers eux.
Au Nord, j’accompagnais les soldats qui furent les plus rapides à explorer leur secteur.
En Sud, Corto et ses guerriers progressaient eux aussi rapidement.
Les Supplétifs durent traverser un terrain plus difficile et arrivèrent avec un peu de retard… ils suivaient une piste et purent abattre les premières antilopes qui bondirent soudainement devant eux.
Je compris rapidement leur course folle : un premier guépard apparut devant nous et leur aurait coupé la route. Notre présence ne semblait pas l’inquiéter et lorsqu’il nous apparut, le splendide animal était ramassé sur lui-même, prêt à l’action.
Je pus vérifier alors que les soldats qui m’accompagnaient étaient d’excellents tireurs…
Mais ce guépard n’était pas la cause de la fuite des antilopes : un second les talonnait et dissimulés dans les fourrés, se jeta férocement sur les Supplétifs !
Le fauve fut repoussé par la formation serrée qu’ils adoptèrent rapidement. Voyant le groupe en difficulté, Corto accourut pour le soutenir et détourna l’attention du guépard qui se jeta alors sur lui !
Le marin savait tirer et fut acclamé par les Supplétifs…
Tous nos gestes étaient épiés de loin par un groupe d’indigènes inconnu. Dissimulés au sommet d’une butte couverte de broussailles, ils furent repérés par l’un des guerriers de Corto. Dès que je réalisai leur présence, je demandai aux soldats de faire mouvement vers eux.
Nous progressions à couvert derrières les rochers qui parsemaient le terrain.
Réalisant qu’ils étaient ajustés par les guerriers inconnus, les soldats ouvrirent le feu et les forcèrent à se jeter au sol.
Leur réplique fut immédiate et nous jugeâmes plus prudent de nous plaquer à notre tour au sol : leur feu fut si précis qu'il nous cloua sur place.
Heureusement, le marin conduisit rapidement les autres groupes pour flanquer le groupe hostile.
Cette heureuse initiative débloqua la situation : le groupe disparu derrière les broussailles et ne se manifesta plus. Lorsque Corto et ses guerriers parvinrent au sommet de la butte, ils purent les voir disparaître dans le lointain. L’alerte fut donnée et les indigènes qui nous accompagnaient se mirent à leur poursuite, sans parvenir à les rattraper. Corto examina les lieux et trouva les douilles qu’ils avaient laissées : les munitions étaient anglaises.
Notre première rencontre avec des indigènes hostiles se terminait sans effusion de sang. Mais l’avertissement était clair : il nous fallait rester prudent.
De retour au poste, le tableau de chasse parut satisfaire tous les participants. Les deux guépards étaient splendides. Une grande fête fut organisée le soir et chacun mangea à sa faim. Deux Anciens virent nous remercier et des présents furent échangés. Corto se vit offrir solennellement un objet rituel et m’expliqua plus tard que les indigènes lui accordait des propriétés magiques : celui-ci était fait à partir des antilopes tuées dans la journée, les indigènes étaient convaincus qu’il accorderait à son porteur une protection lors de sa marche. Et que toute protection dans ce pays était bonne à prendre.
Le lendemain, nous pûmes reprendre la route pour rejoindre le Nil, chargés de vivres, et le dahabieh, qui était prêt au départ.
Nous quittâmes le Caire à peu près en même temps que la Foca de votre grand-père atteignait Boma.
Le voyage en Haute-Egypte s’effectuait sans difficultés notables. La lente navigation à la voile nous permit de profiter du paysage fantastique qui nous entourait.
Je compris rapidement la justesse du choix de notre navire : les embarcations à vapeur étaient plus rares et faisaient l’objet d’une plus grande attention de la part des autorités. De nombreuses tracasseries les retenaient à quai. Des rendez-vous nocturnes sous le seul regard de palmiers fantomatiques étaient arrangés avec des correspondants pour notre ravitaillement et l’échange de dépêches.
Puis, vint la Basse-Egypte. Le paysage et les indigènes se firent plus sauvages. Et les villages plus rares.
Le pays était magnifique et c’est avec plaisir que je vis approcher notre première véritable escale : un poste dans l’arrière-pays, à plus d’une journée de marche, devait être ravitaillé. L’équipage en profiterai pour effectuer quelques réparations à bord. Nous étions encore à plusieurs jours de navigation du Soudan et de ses troubles, mais les préparatifs armés que j’observai ne présageaient rien de bon : d’un ton indifférent, le marin me conseilla de rester à bord. Devant mon insistance, il me remit en souriant un lourd revolver, en me souhaitant plus de chance que son précédent propriétaire n’en avait eu.
Cette première marche fut une formalité et me donna une fausse impression de ce qui nous attendait. Elle nous permit en tout cas de resserrer les liens entre les différents groupes qui constituaient la colonne et chacun prit la place qui lui revenait naturellement. Le poste fut atteint sans incident. Il était situé à proximité d’une oasis qui constituait un excellent terrain de chasse. J’en profitai pour organiser une grande chasse avec les indigènes de la région. Tirer sur de bêtes sans défense pouvait avoir un effet bénéfique sur mes compagnons. Et si nous rencontrions des bêtes plus féroces, cela me permettrait de me faire une idée de leurs capacités.
Le jour convenu, nous nous retrouvions sur le terrain. Les éclaireurs indigènes avaient exploré les environs de l’oasis et nous garantissaient la présence de gibier.
Nous nous répartîmes en 4 groupes : à l’Est, les aventuriers verrouillaient le terrain par lequel les animaux pouvaient s’enfuir ; les autres groupes étant chargés de les rabattre vers eux.
Au Nord, j’accompagnais les soldats qui furent les plus rapides à explorer leur secteur.
En Sud, Corto et ses guerriers progressaient eux aussi rapidement.
Les Supplétifs durent traverser un terrain plus difficile et arrivèrent avec un peu de retard… ils suivaient une piste et purent abattre les premières antilopes qui bondirent soudainement devant eux.
Je compris rapidement leur course folle : un premier guépard apparut devant nous et leur aurait coupé la route. Notre présence ne semblait pas l’inquiéter et lorsqu’il nous apparut, le splendide animal était ramassé sur lui-même, prêt à l’action.
Je pus vérifier alors que les soldats qui m’accompagnaient étaient d’excellents tireurs…
Mais ce guépard n’était pas la cause de la fuite des antilopes : un second les talonnait et dissimulés dans les fourrés, se jeta férocement sur les Supplétifs !
Le fauve fut repoussé par la formation serrée qu’ils adoptèrent rapidement. Voyant le groupe en difficulté, Corto accourut pour le soutenir et détourna l’attention du guépard qui se jeta alors sur lui !
Le marin savait tirer et fut acclamé par les Supplétifs…
Tous nos gestes étaient épiés de loin par un groupe d’indigènes inconnu. Dissimulés au sommet d’une butte couverte de broussailles, ils furent repérés par l’un des guerriers de Corto. Dès que je réalisai leur présence, je demandai aux soldats de faire mouvement vers eux.
Nous progressions à couvert derrières les rochers qui parsemaient le terrain.
Réalisant qu’ils étaient ajustés par les guerriers inconnus, les soldats ouvrirent le feu et les forcèrent à se jeter au sol.
Leur réplique fut immédiate et nous jugeâmes plus prudent de nous plaquer à notre tour au sol : leur feu fut si précis qu'il nous cloua sur place.
Heureusement, le marin conduisit rapidement les autres groupes pour flanquer le groupe hostile.
Cette heureuse initiative débloqua la situation : le groupe disparu derrière les broussailles et ne se manifesta plus. Lorsque Corto et ses guerriers parvinrent au sommet de la butte, ils purent les voir disparaître dans le lointain. L’alerte fut donnée et les indigènes qui nous accompagnaient se mirent à leur poursuite, sans parvenir à les rattraper. Corto examina les lieux et trouva les douilles qu’ils avaient laissées : les munitions étaient anglaises.
Notre première rencontre avec des indigènes hostiles se terminait sans effusion de sang. Mais l’avertissement était clair : il nous fallait rester prudent.
De retour au poste, le tableau de chasse parut satisfaire tous les participants. Les deux guépards étaient splendides. Une grande fête fut organisée le soir et chacun mangea à sa faim. Deux Anciens virent nous remercier et des présents furent échangés. Corto se vit offrir solennellement un objet rituel et m’expliqua plus tard que les indigènes lui accordait des propriétés magiques : celui-ci était fait à partir des antilopes tuées dans la journée, les indigènes étaient convaincus qu’il accorderait à son porteur une protection lors de sa marche. Et que toute protection dans ce pays était bonne à prendre.
Le lendemain, nous pûmes reprendre la route pour rejoindre le Nil, chargés de vivres, et le dahabieh, qui était prêt au départ.
Dernière édition par Jean-Michel II le Mar 9 Fév - 7:47, édité 2 fois
Jean-Michel II- Messages : 954
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Scénario n°2: Le Carnaval des Dieux
Une navigation indolente reprit à travers la Haute-Egypte vers la première cataracte et l’agitation qui couvait depuis plusieurs années au Soudan. L’ennui du voyage était seulement interrompu par l’apparition aux détours du fleuve de ruines majestueuses. L’impression grandiose qu'elles dégageaient nous imposait un silence respectueux qui n’était brisé que par les rires de l’équipage habitué à un pareil spectacle.
Notre dernière étape en Haute-Egypte était la ville d’Assouan. Nous devions y rester plusieurs jours et fûmes accueillis par le correspondant de l’Istituzione. Ce dernier nous attendait avec impatience : une caravane avait été attaqué à l’Ouest et avait dû se replier vers l’oasis de Kurkur où elle était bloquée depuis plusieurs jours. Les autorités locales avaient fait monter le coût de son sauvetage au-delà du raisonnable. Les fusils de la colonne étaient nécessaires pour débloquer la situation… et réaliser de gros bénéfices. Une expédition vers Kurkur s’imposait.
L’oasis se trouvait à plus d’une trentaine de miles du fleuve. La route pour l’atteindre traversait une région accidentée peuplée de hameaux aussi rares que misérables. Une semaine suffisait au voyage aller-retour. Un accord fut facilement trouvé avec les marchands d’Assouan : nous ne demandions par avance que la moitié de ce qui était exigé par le gouverneur. Le restant serait prélevé sur les marchandises de la caravane.
Durant la nuit, nous franchîmes le fleuve pour gagner la rive gauche et prendre rapidement la route à travers un paysage désolé. Un silence inhabituel s’établit à mesure que nous nous enfoncions à l’intérieur dans le désert. Un groupe de guides fourni par les marchands nous conduisait par des sentiers détournés connus des seuls habitants de la région.
La journée, le pays semblait totalement inhabité. Nous apercevions parfois à flanc de colline l’un de ces misérables hameaux : s’il n’était pas abandonné, sa population de cachait à notre approche.
La nuit n’était troublée que par les bêtes qui venaient rôder autour du camp. A l’aube, du troisième jour l’atmosphère devint moins lourde comme nous atteignons un terrain plus dégagé et les langues commencèrent à se délier. Le soleil était au zénith lorsque l’oasis apparut devant nous : les caravaniers nous y accueillirent avec de grandes manifestations de joie. Ils pensaient être sauvés.
Ils n’avaient pas trop souffert de l’attaque mais avaient préféré se replier sur l’oasis et demander des secours. L’attaque avait eu lieu près d’un hameau où ils pensaient établir leur camp pour la nuit. Il fut décidé que notre colonne reprendrait la route le lendemain avant l’aube pour pousser une reconnaissance dans cette direction, et que la caravane nous suivrait à quelques heures de distance.
Nous partîmes alors que les premières lueurs de l’aube se levaient à l’Est et que les dernières étoiles s’éteignaient dans l’immensité du ciel nocturne. En milieu de matinée, nous atteignons les premières collines et ralentirent notre marche : des espions pouvaient être aux aguets derrière chaque rocher, chaque ligne de crête. A midi, la colonne fit une pause : le terrain autour de la piste dissimulait jusqu’à présent la colonne. Devant nous, elle traversait une cuvette dont les bords étaient couverts de terrains difficiles offrant autant de cachettes idéales pour tendre une embuscade. Un peu plus loin, elle sortait de la cuvette et de nouveau permettait de progresser sans être autant exposé. Le terrain était mauvais et allait devoir être traversé sans attirer l’attention.
Seul manquait le marin et ses guerriers qui se tenaient en arrière-garde.
Nous envoyèrent les éclaireurs explorer un bosquet au bord de la piste…
Dès le terrain reconnu, le marin ne tarda pas à apparaître : ses guerriers étaient nerveux et il préférait soutenir de près les autres groupes.
La colonne reprit sa marche en avant, avec les Supplétif en tête.
Avant de sortir du bosquet, les éclaireurs furent assaillis par un mauvais pressentiment qui les fit s’arrêter net.
Devant eux, au milieu des hautes herbes, des tireurs hostiles venaient de relever la tête !
Aussitôt, les autres groupes de la colonne convergèrent silencieusement vers cette menace afin de la neutraliser rapidement.
Avant qu’ils ne puissent donner l’alerte, les soldats m’entraînaient à l’assaut !
Le groupe ne fut que repoussé mais laissait l’un des siens gisant à terre.
Dans un nouvel effort, les Supplétifs se jetaient sur eux pour les réduire définitivement au silence !
La lutte fut vaine. Les tireurs purent se replier et donner l’alerte : une première détonation retentit et son écho se répercuta de colline en colline.
Plus loin une série de meuglements s’éleva d’une colline broussailleuse. Un autre groupe de tireurs les ignora et se déplaça rapidement pour se position sur le flanc de la colonne.
Furieux d’avoir échoué, les Supplétifs tentaient un nouvel assaut…
Qui échoua de nouveau. Pire : leur porteur, le brave Sacoua, reçut un mauvais coup et s’effondra lourdement sur le sol.
Le reste de la colonne accourait pour prêter main forte…
Les tireurs faiblissaient et Corto en profita pour mener ses guerriers à l’attaque.
Pour perdre eux aussi Abdoulaye, leur infatigable porteur !
Sentant leur réserve de chance épuisée, les tireurs préférèrent prendre la fuite et disparurent rapidement dans les collines.
Plutôt que de les poursuivre, je choisi de mener les soldats vers une dernière colline qui bordait la piste : le second groupe de tireurs venait de prendre position et bloquait notre passage.
Une première salve les foudroya !
Le répit fut de courte durée : à peine avions-nous récupéré les corps de nos malheureux compagnons qu’un nouveau groupe de guerrier jaillissait sur nos arrières et se précipitait vers nous. Des cris sauvages s’élevaient des bords de la cuvette : nous étions sur le point d'être encerclés.
Il était urgent de se sortir de ce traquenard mais nous étions ralentis par les corps de nos porteurs que nous ne voulions pas abandonner et qui avaient un urgent besoin de soins !
Corto et ses guerriers allaient devoir repousser un dernier assaut.
Le premier tir ralentit à peine nos agresseurs !
Les Supplétifs eurent plus de chance… mais les sauvages paraissaient invulnérables à nos balles !
Au dernier moment, les éclaireurs trouvèrent un échappatoire qui permit à nos groupes d’échapper aux assaillants qui détournèrent alors leurs efforts pour se précipiter sur les soldats et les aventuriers qui se tenaient en arrière garde.
Ces derniers n’étaient pas parvenus à éliminer tous les tireurs qui leur faisaient face…
… mais avaient réussi à se déployer à la sortie de la cuvette : un dernier effort leur permettait enfin de se jeter sur la piste et de rejoindre le reste de la colonne. Nos assaillants n’osèrent nous poursuivre et après une course soutenue, nous trouvâmes un terrain propice à la défense.
Nous pûmes enfin nous occuper de nos camarades : ils étaient sérieusement touchés mais les blessures n’étaient pas mortelles.
Comme nous nous apprêtions à subir un nouvel assaut, celui-ci ne vint pas : nos agresseurs pensaient tomber sur des voyageurs faiblement armés et avaient découvert un peu tard leur erreur. Mais ils ne perdaient rien pour attendre : la nuit venue nous nous remettions en mouvement vers le hameau, bien décidés à les débusquer et à leur faire payer leur audace.
Notre dernière étape en Haute-Egypte était la ville d’Assouan. Nous devions y rester plusieurs jours et fûmes accueillis par le correspondant de l’Istituzione. Ce dernier nous attendait avec impatience : une caravane avait été attaqué à l’Ouest et avait dû se replier vers l’oasis de Kurkur où elle était bloquée depuis plusieurs jours. Les autorités locales avaient fait monter le coût de son sauvetage au-delà du raisonnable. Les fusils de la colonne étaient nécessaires pour débloquer la situation… et réaliser de gros bénéfices. Une expédition vers Kurkur s’imposait.
L’oasis se trouvait à plus d’une trentaine de miles du fleuve. La route pour l’atteindre traversait une région accidentée peuplée de hameaux aussi rares que misérables. Une semaine suffisait au voyage aller-retour. Un accord fut facilement trouvé avec les marchands d’Assouan : nous ne demandions par avance que la moitié de ce qui était exigé par le gouverneur. Le restant serait prélevé sur les marchandises de la caravane.
Durant la nuit, nous franchîmes le fleuve pour gagner la rive gauche et prendre rapidement la route à travers un paysage désolé. Un silence inhabituel s’établit à mesure que nous nous enfoncions à l’intérieur dans le désert. Un groupe de guides fourni par les marchands nous conduisait par des sentiers détournés connus des seuls habitants de la région.
La journée, le pays semblait totalement inhabité. Nous apercevions parfois à flanc de colline l’un de ces misérables hameaux : s’il n’était pas abandonné, sa population de cachait à notre approche.
La nuit n’était troublée que par les bêtes qui venaient rôder autour du camp. A l’aube, du troisième jour l’atmosphère devint moins lourde comme nous atteignons un terrain plus dégagé et les langues commencèrent à se délier. Le soleil était au zénith lorsque l’oasis apparut devant nous : les caravaniers nous y accueillirent avec de grandes manifestations de joie. Ils pensaient être sauvés.
Ils n’avaient pas trop souffert de l’attaque mais avaient préféré se replier sur l’oasis et demander des secours. L’attaque avait eu lieu près d’un hameau où ils pensaient établir leur camp pour la nuit. Il fut décidé que notre colonne reprendrait la route le lendemain avant l’aube pour pousser une reconnaissance dans cette direction, et que la caravane nous suivrait à quelques heures de distance.
Nous partîmes alors que les premières lueurs de l’aube se levaient à l’Est et que les dernières étoiles s’éteignaient dans l’immensité du ciel nocturne. En milieu de matinée, nous atteignons les premières collines et ralentirent notre marche : des espions pouvaient être aux aguets derrière chaque rocher, chaque ligne de crête. A midi, la colonne fit une pause : le terrain autour de la piste dissimulait jusqu’à présent la colonne. Devant nous, elle traversait une cuvette dont les bords étaient couverts de terrains difficiles offrant autant de cachettes idéales pour tendre une embuscade. Un peu plus loin, elle sortait de la cuvette et de nouveau permettait de progresser sans être autant exposé. Le terrain était mauvais et allait devoir être traversé sans attirer l’attention.
Seul manquait le marin et ses guerriers qui se tenaient en arrière-garde.
Nous envoyèrent les éclaireurs explorer un bosquet au bord de la piste…
Dès le terrain reconnu, le marin ne tarda pas à apparaître : ses guerriers étaient nerveux et il préférait soutenir de près les autres groupes.
La colonne reprit sa marche en avant, avec les Supplétif en tête.
Avant de sortir du bosquet, les éclaireurs furent assaillis par un mauvais pressentiment qui les fit s’arrêter net.
Devant eux, au milieu des hautes herbes, des tireurs hostiles venaient de relever la tête !
Aussitôt, les autres groupes de la colonne convergèrent silencieusement vers cette menace afin de la neutraliser rapidement.
Avant qu’ils ne puissent donner l’alerte, les soldats m’entraînaient à l’assaut !
Le groupe ne fut que repoussé mais laissait l’un des siens gisant à terre.
Dans un nouvel effort, les Supplétifs se jetaient sur eux pour les réduire définitivement au silence !
La lutte fut vaine. Les tireurs purent se replier et donner l’alerte : une première détonation retentit et son écho se répercuta de colline en colline.
Plus loin une série de meuglements s’éleva d’une colline broussailleuse. Un autre groupe de tireurs les ignora et se déplaça rapidement pour se position sur le flanc de la colonne.
Furieux d’avoir échoué, les Supplétifs tentaient un nouvel assaut…
Qui échoua de nouveau. Pire : leur porteur, le brave Sacoua, reçut un mauvais coup et s’effondra lourdement sur le sol.
Le reste de la colonne accourait pour prêter main forte…
Les tireurs faiblissaient et Corto en profita pour mener ses guerriers à l’attaque.
Pour perdre eux aussi Abdoulaye, leur infatigable porteur !
Sentant leur réserve de chance épuisée, les tireurs préférèrent prendre la fuite et disparurent rapidement dans les collines.
Plutôt que de les poursuivre, je choisi de mener les soldats vers une dernière colline qui bordait la piste : le second groupe de tireurs venait de prendre position et bloquait notre passage.
Une première salve les foudroya !
Le répit fut de courte durée : à peine avions-nous récupéré les corps de nos malheureux compagnons qu’un nouveau groupe de guerrier jaillissait sur nos arrières et se précipitait vers nous. Des cris sauvages s’élevaient des bords de la cuvette : nous étions sur le point d'être encerclés.
Il était urgent de se sortir de ce traquenard mais nous étions ralentis par les corps de nos porteurs que nous ne voulions pas abandonner et qui avaient un urgent besoin de soins !
Corto et ses guerriers allaient devoir repousser un dernier assaut.
Le premier tir ralentit à peine nos agresseurs !
Les Supplétifs eurent plus de chance… mais les sauvages paraissaient invulnérables à nos balles !
Au dernier moment, les éclaireurs trouvèrent un échappatoire qui permit à nos groupes d’échapper aux assaillants qui détournèrent alors leurs efforts pour se précipiter sur les soldats et les aventuriers qui se tenaient en arrière garde.
Ces derniers n’étaient pas parvenus à éliminer tous les tireurs qui leur faisaient face…
… mais avaient réussi à se déployer à la sortie de la cuvette : un dernier effort leur permettait enfin de se jeter sur la piste et de rejoindre le reste de la colonne. Nos assaillants n’osèrent nous poursuivre et après une course soutenue, nous trouvâmes un terrain propice à la défense.
Nous pûmes enfin nous occuper de nos camarades : ils étaient sérieusement touchés mais les blessures n’étaient pas mortelles.
Comme nous nous apprêtions à subir un nouvel assaut, celui-ci ne vint pas : nos agresseurs pensaient tomber sur des voyageurs faiblement armés et avaient découvert un peu tard leur erreur. Mais ils ne perdaient rien pour attendre : la nuit venue nous nous remettions en mouvement vers le hameau, bien décidés à les débusquer et à leur faire payer leur audace.
Jean-Michel II- Messages : 954
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Re: Au coeur des ténèbres: Les Nilotiques
Jolie table.
+1 pour le léopard et les gnous.
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korre- Messages : 887
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Re: Au coeur des ténèbres: Les Nilotiques
Merci pour ce nouveau compte rendu.
Serge
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Re: Au coeur des ténèbres: Les Nilotiques
Hate de lire la suite aussi
Michel 91- Messages : 3459
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Scénario n°3: La Victoire en Chantant !
Le nombre d’étoiles brillant dans l’immensité du ciel nocturne commençait à décliner lorsque Corto, ses guerriers et les guides revinrent à notre position : ils étaient partis à la tombée de la nuit pour établir la liaison avec la caravane, assurer le ravitaillement et remplacer nos deux porteurs : Diouf et Gadiri prenaient leur place.
L’aube approchait : il était temps de se remettre en route vers le hameau. Les guides connaissaient suffisamment le pays pour nous y conduire par des sentiers secrets. La voute céleste s’illuminait de sang lorsque nous arrivâmes à destination : la colonne se scinda en quatre pour procéder à son encerclement. Chacun avait conscience de son rôle : tout individu hostile surpris dans le hameau les armes à la main devait être neutralisé.
Les éclaireurs guidèrent mon groupe de soldats vers un terrain couvert de hautes herbes au sud du hameau : il offrait à la fois une bonne protection et une ligne de vue dégagée vers le centre du hameau.
A cette distance, il était possible d’apercevoir plusieurs tentes entre les tristes maisons du hameau.
Corto, ses guerriers et le fier Diouf progressaient par l’ouest vers une butte couverte de broussailles.
Les Supplétifs venaient de l’Est et convergeaient vers le même terrain que les soldats.
Les aventuriers devaient compléter l’encerclement par le Nord : leur chemin était plus difficile et ils avaient pris du retard.
Alors que nos groupes prenaient position, ils durent être repérés par les sentinelles ennemies… Des cris s’élevèrent du centre du hameau : un premier groupe de tireurs sortait précipitamment d’une des tentes et prenait position sur le toit d’une des maisons.
La fusillade commença à crépiter et les sourdes détonations rebondirent de colline en colline : la bataille était engagée !
Au feu désordonné de nos adversaires, les soldats répondaient par un tir précis qui les forçait à baisser la tête : nous avions la maitrise du feu !
Les soldats et les supplétifs avaient gagné leur ligne de feu et arrosaient les silhouettes qui s’agitaient en face d’eux. Les éclaireurs se tenaient en réserve derrière eux.
Les cris au centre du hameau redoublèrent et les tentes se vidèrent bientôt d’une nué de guerriers brandissant leurs armes sauvages : deux groupes se ruaient en hurlant d’abominables imprécations vers notre position et se portèrent à distance de charge !
Et c’est comme si le hameau se vidait de tous ses troupes : un second groupe de tireurs se déployait sur le toit d’une autre maison. Il y fut accueilli par une salve ajustée du marin et de ses guerriers : le premier sang était versé et bien d’(autre allait suivre.
Nous attendîmes le dernier moment pour décharger nos armes sur le premier groupe de guerrier qui fut foudroyé à quelques pas.
Voyant le flanc des supplétifs menacé par le second groupe de guerriers, nos éclaireurs bondirent des fourrés pour s’interposer et subir la charge à leur place : ah ! les braves gens ! L’un d’entre eux fut atteint et s’effondra dur le sol…
Sous le choc, ils furent contraints de reculer. Le temps gagné permit aux supplétifs de lâcher une salve à bout portant, mais les guerriers étaient enragés et ne ralentirent pas leur allure : leur charge fut violente et le malheureux Gadiri, si content de rejoindre notre colonne quelques heures auparavant, fut abattu sans pitié par les sauvages assoiffés de sang alors que les supplétifs étaient forcés de reculer.
Une nouvelle salve générale des soldats et des supplétifs réduisait la menace : l’assaut sur leur position était-il terminé ?
Non ! Un nouveau groupe jaillissait du centre du hameau et se précipitait de nouveau à l’assaut : il était visiblement mené par leur chef et enjambant les corps de ses guerriers abattus, il se précipitait vers nous !
Le choc fut d’une extrême violence, mais ce jour ne verrait pas les soldats reculés : ce furent les troupes de l’Emir qui plièrent et durent se replier.
Dans la confusion qui suivit l’assaut, ce dernier parvînt à dégager ses guerriers et à s’enfuir du hameau.
La fusillade repris de plus belle pour dégager le toit des maisons…
Les derniers défenseurs du hameau parvinrent in-extremis à échapper à l’anéantissement en se faufilant à travers un passage non gardé.
Il était temps de parachever cet affrontement bref mais intense : les éclaireurs se portèrent en avant et occupaient le centre du hameau évacué par nos adversaires… Victoire !
Les bandits en fuite, le hameau était à nous et nous ne tardâmes guère à débusquer les quelques habitants qui se terraient dans les environs. Ce que les bandits ne leur avaient pas volé, les guerriers de Corto se chargèrent de le leur prendre: les lois de la guerre du pays étaient impitoyables. Mais la grande misère dans laquelle ils survivaient mis rapidement fin au pillage. Les bandits ne laissaient pas grand chose non plus derrière eux: leur campement dans le hameau était provisoire.
La caravane nous rejoignit lorsque le soleil était au zénith et après une nuit vigilante, nous reprîmes la route vers Assouan le lendemain à l'aube. Après avoir enterré le pauvre Gadiri qui mourut de ses blessures au milieu de la nuit. L'éclaireur qui avait été blessé se remit rapidement et put nous accompagner à pieds: quelle nature ont les gens de ce contrées !
Le reste du voyage se passa sans incident. Les marchands étaient loquaces et ne tarissaient pas d'éloge à notre égard. Arrivés à destination, nous repassâmes le Nil et reçûmes la seconde partie de notre paiement sur les marchandises de la caravane. Ce qui refroidit quelque peu la sympathie des marchands.
Nous nous attachâmes le service des éclaireurs et en recrûtames même un second groupe: nos finances avaient bien profité de cette aventure et Assouan était peut-être le dernier lieu où nous allions pouvoir nous le permettre. Un peu plus loin, la première cataracte nous attendait et, au-delà, le Soudan et ses tribus en état de rébellion endémique.
L’aube approchait : il était temps de se remettre en route vers le hameau. Les guides connaissaient suffisamment le pays pour nous y conduire par des sentiers secrets. La voute céleste s’illuminait de sang lorsque nous arrivâmes à destination : la colonne se scinda en quatre pour procéder à son encerclement. Chacun avait conscience de son rôle : tout individu hostile surpris dans le hameau les armes à la main devait être neutralisé.
Les éclaireurs guidèrent mon groupe de soldats vers un terrain couvert de hautes herbes au sud du hameau : il offrait à la fois une bonne protection et une ligne de vue dégagée vers le centre du hameau.
A cette distance, il était possible d’apercevoir plusieurs tentes entre les tristes maisons du hameau.
Corto, ses guerriers et le fier Diouf progressaient par l’ouest vers une butte couverte de broussailles.
Les Supplétifs venaient de l’Est et convergeaient vers le même terrain que les soldats.
Les aventuriers devaient compléter l’encerclement par le Nord : leur chemin était plus difficile et ils avaient pris du retard.
Alors que nos groupes prenaient position, ils durent être repérés par les sentinelles ennemies… Des cris s’élevèrent du centre du hameau : un premier groupe de tireurs sortait précipitamment d’une des tentes et prenait position sur le toit d’une des maisons.
La fusillade commença à crépiter et les sourdes détonations rebondirent de colline en colline : la bataille était engagée !
Au feu désordonné de nos adversaires, les soldats répondaient par un tir précis qui les forçait à baisser la tête : nous avions la maitrise du feu !
Les soldats et les supplétifs avaient gagné leur ligne de feu et arrosaient les silhouettes qui s’agitaient en face d’eux. Les éclaireurs se tenaient en réserve derrière eux.
Les cris au centre du hameau redoublèrent et les tentes se vidèrent bientôt d’une nué de guerriers brandissant leurs armes sauvages : deux groupes se ruaient en hurlant d’abominables imprécations vers notre position et se portèrent à distance de charge !
Et c’est comme si le hameau se vidait de tous ses troupes : un second groupe de tireurs se déployait sur le toit d’une autre maison. Il y fut accueilli par une salve ajustée du marin et de ses guerriers : le premier sang était versé et bien d’(autre allait suivre.
Nous attendîmes le dernier moment pour décharger nos armes sur le premier groupe de guerrier qui fut foudroyé à quelques pas.
Voyant le flanc des supplétifs menacé par le second groupe de guerriers, nos éclaireurs bondirent des fourrés pour s’interposer et subir la charge à leur place : ah ! les braves gens ! L’un d’entre eux fut atteint et s’effondra dur le sol…
Sous le choc, ils furent contraints de reculer. Le temps gagné permit aux supplétifs de lâcher une salve à bout portant, mais les guerriers étaient enragés et ne ralentirent pas leur allure : leur charge fut violente et le malheureux Gadiri, si content de rejoindre notre colonne quelques heures auparavant, fut abattu sans pitié par les sauvages assoiffés de sang alors que les supplétifs étaient forcés de reculer.
Une nouvelle salve générale des soldats et des supplétifs réduisait la menace : l’assaut sur leur position était-il terminé ?
Non ! Un nouveau groupe jaillissait du centre du hameau et se précipitait de nouveau à l’assaut : il était visiblement mené par leur chef et enjambant les corps de ses guerriers abattus, il se précipitait vers nous !
Le choc fut d’une extrême violence, mais ce jour ne verrait pas les soldats reculés : ce furent les troupes de l’Emir qui plièrent et durent se replier.
Dans la confusion qui suivit l’assaut, ce dernier parvînt à dégager ses guerriers et à s’enfuir du hameau.
La fusillade repris de plus belle pour dégager le toit des maisons…
Les derniers défenseurs du hameau parvinrent in-extremis à échapper à l’anéantissement en se faufilant à travers un passage non gardé.
Il était temps de parachever cet affrontement bref mais intense : les éclaireurs se portèrent en avant et occupaient le centre du hameau évacué par nos adversaires… Victoire !
Les bandits en fuite, le hameau était à nous et nous ne tardâmes guère à débusquer les quelques habitants qui se terraient dans les environs. Ce que les bandits ne leur avaient pas volé, les guerriers de Corto se chargèrent de le leur prendre: les lois de la guerre du pays étaient impitoyables. Mais la grande misère dans laquelle ils survivaient mis rapidement fin au pillage. Les bandits ne laissaient pas grand chose non plus derrière eux: leur campement dans le hameau était provisoire.
La caravane nous rejoignit lorsque le soleil était au zénith et après une nuit vigilante, nous reprîmes la route vers Assouan le lendemain à l'aube. Après avoir enterré le pauvre Gadiri qui mourut de ses blessures au milieu de la nuit. L'éclaireur qui avait été blessé se remit rapidement et put nous accompagner à pieds: quelle nature ont les gens de ce contrées !
Le reste du voyage se passa sans incident. Les marchands étaient loquaces et ne tarissaient pas d'éloge à notre égard. Arrivés à destination, nous repassâmes le Nil et reçûmes la seconde partie de notre paiement sur les marchandises de la caravane. Ce qui refroidit quelque peu la sympathie des marchands.
Nous nous attachâmes le service des éclaireurs et en recrûtames même un second groupe: nos finances avaient bien profité de cette aventure et Assouan était peut-être le dernier lieu où nous allions pouvoir nous le permettre. Un peu plus loin, la première cataracte nous attendait et, au-delà, le Soudan et ses tribus en état de rébellion endémique.
Dernière édition par Jean-Michel II le Lun 20 Juil - 4:58, édité 1 fois
Jean-Michel II- Messages : 954
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Re: Au coeur des ténèbres: Les Nilotiques
Bon si j'ai bien compris maintenant il va falloir attendre pour connaître la suite .................
Serge
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Audiard
Piotr Szut- Messages : 216
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Re: Au coeur des ténèbres: Les Nilotiques
C'est pas faux: une petite conclusion sur la traversée de l'Egypte et c'est la région du Soudan qui s'ouvre devant le colonne de Michel.Piotr Szut a écrit:Bon si j'ai bien compris maintenant il va falloir attendre pour connaître la suite .................
Serge
Nous avons déterminé ce qui lui arrivait... rien ! Elle passe à travers les différents dangers qui l'attendaient: sans doute l'effet "Corto et ses guerriers".
Une petite partie "automatique" propre à la région et voilà la région des terribles marais du Sudd qui s'annonce, avec ses grosses bébêtes toutes en dents et ses tribus cannibales qui ont toutes les vacances pour se mettre en appétit.
Et Michel n'aime pas trop les cannibales !
Jean-Michel II- Messages : 954
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Re: Au coeur des ténèbres: Les Nilotiques
Je tremble déjà à l'idée de ce qui attend nos aventuriers .........................................
Serge
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Piotr Szut- Messages : 216
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Re: Au coeur des ténèbres: Les Nilotiques
Encore une belle table et un récit haletant
wilhelm- Messages : 132
Date d'inscription : 13/10/2013
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korre- Messages : 887
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Re: Au coeur des ténèbres: Les Nilotiques
Et voilà: la conclusion a été ajoutée à la fin du dernier récit.
La suite à la rentrée.
J'ai ouvert un espace de travail avec la campagne sous Slack. Si vous êtes intéressés, je vous transmets une invitation contre une adresse électronique...
La suite à la rentrée.
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Jean-Michel II- Messages : 954
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Localisation : 78
Re: Au coeur des ténèbres: Les Nilotiques
ça c'est du récit
Bravo JM
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Hagardunord- Messages : 6
Date d'inscription : 19/07/2020
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Re: Au coeur des ténèbres: Les Nilotiques
Superbes RC avec un récit qui donne envie de savoir la suite.
argrom le boucher- Messages : 92
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Scénario n°4: Le Grand Risque
Au Caire, le Soudan m'avait été décrit comme un pays densément peuple et livré au chaos. C'était sans doute vrai quelques semaines avant que nous ne l'atteignons. Je n'eu aucun moyen de le vérifier.
Peu après la première cataracte, Corto et ses compagnons descendirent à terre pour s'enfoncer dans l'arrière pays. Nous avions pour consigne de les attendre une semaine. Si après ce délai ils n'étaient pas réapparus, libre à nous de continuer seuls notre expédition. Ou plus raisonnablement de tenter de regagner le Caire.
J'eu l'occasion de remarquer combien le climat de cette région était sain: la proximité du désert asséchait l'atmosphère, écartant les miasmes qui auraient pu engendrer de terribles fièvres, comme dans les contrées que nous venions de traverser.
Une semaine passa et alors que la tension gagnait l'équipage, le groupe réapparut: la voie était libre et nous pouvions poursuivre notre route. Un homme les accompagnait, Garang, et allait nous servir de guide pour toute la remontée du fleuve.
Le pays sauvage se révéla être un pays désert: les rives semblaient abandonnées et les habitants des villages en bordure du fleuve étaient tous partis ou se cachaient à notre approche. Je garde un souvenir étrange de notre lente navigation dans ce pays aux paysages majestueux et fantomatiques.
Le seul évènement notable de notre périple fut un accostage nocturne près d'un hameau en ruines. Un groupe d'hommes en armes nous y attendaient. Plusieurs caisses furent descendues. D'autres furent montées à bord. Et ce fut tout: nous reprîmes notre route sans attendre l'aube.
Le Nil était encore haut en cette saison et nous pûmes passer au large des grands villes sans être inquiétés, tels des ombres au coeur de la nuit: à travers le fleuve, nous pouvions voir leurs bâtiments éclairés dans la nuit et sentir la vie grouillante et exotique qui les animait. Pour combien de temps encore ?
Enfin, je fus informé que nous avions dépassé la dernière et la plus majestueuses d'entre elles, Khartoum et que nous avions atteint le Nil Blanc. D'ici quelques jours nous aurions allions atteindre les marais du Sudd.
Le pays devenait plus sauvage, au fur et à mesure que nous remontions cet embranchement du Nil. Chaque jour nous éloignait un peu plus des zones où couvait la révolte. Les rives du fleuve recommencèrent progressivement à se peupler de petites communautés de pêcheurs. Nous en profitâmes pour refaire partiellement nos stocks de provisions, mais il nous fallait impérativement descendre à terre et rejoindre un village d'éleveurs pour nous ravitailler en viande: plus au sud, cela deviendrait impossible.
Notre guide, Garang, connaissait un tel village, en amont, et nous indiqua où accoster. Le pays nous semblait sûr et nous organisâmes une colonne pour traverser l'arrière-pays. Les Aventuriers allaient rester à bord pour veiller sur le navire et sa cargaison.
La piste s'étirait à travers un désert parsemé d'affleurements rocheux.
Nous progressions à allure modérée: la journée s'annonçait longue et nous n'avions aucun motif pour presser le pas.
Un premier groupe d'éclaireurs ouvrait la voie.
Après une si longue navigation, nous en profitions pour nous dégourdir les jambes et retrouver les joies simples d'une bonne marche à travers un pays d'une rare beauté et riche en découvertes...
Voyant le temps passer, Corto nous fit presser le pas et prit la tête de la colonne.
Les éclaireurs de tête continuaient d'explorer les abords de la piste et furent heureux de collecter de nombreux échantillons : je leur avais promis de belles récompenses si ceux qu'ils me ramenaient pouvaient éveiller ma curiosité.
La chaleur et la fatigue aidant, la colonne commença à s'étirer dangereusement: il était temps de resserrer les espaces entre nos groupes.
Au détour d'un rocher, un phacochère se jetait soudainement sur moi !
La surprise paralysa mon groupe, mais un tir à bout portant foudroya l'animal. Nous étions venus pour de la viande, nous en avions trouvé pour ce soir.
Aucun autre incident ne semblait devoir troubler cette journée.
Jusqu'à ce qu'un bruit de course s'élève derrière nous, à droite de la piste: un grand nombre de guerriers apparurent sur notre flanc !
D'où venaient-ils ?
Après qui en avaient-ils ?
Nous n'avions aucune envie de le découvrir et d'un pas décidé nous nous élançâmes sur la piste pour nous éloigner rapidement.
Les guerriers ne nous suivirent pas et nous crûmes l'incident clos.
Après quelques jours de marche, nous atteignîmes le village: Garang y avait de la famille et nous pûmes y acheter quelques bêtes qui suffiraient largement à nos besoins.
Les villages nous apprirent que plusieurs groupes de guerriers avaient été aperçus rôdant dans la région. Ils évitaient les villageois et les villageois se gardaient bien d'établir le moindre rapport avec eux.
Satisfaits du prix qu'ils avaient obtenus pour leurs bêtes, les villageois nous accordèrent l'hospitalité. Je discutais avec les anciens au sujet des échantillons collectés durant le voyage par nos éclaireurs. Les Anciens parurent amusés, déclarèrent joyeusement que ces choses étaient communes dans la région et m'instruisirent jusque tard dans la nuit de leur nature.
A l'aube, il était temps de partir et le voyage de retour se fit sans incident notable.
Une fois arrivés au navire, nous établîmes un campement pour plusieurs jours: plusieurs bêtes devaient être abattues et leur viande séchée.
Notre venue avait attiré l'attention des populations alentours qui vinrent commercer avec nous. Tout se passait pour le mieux. Trop peut-être.
La veille de reprendre notre navigation, à la nuit tombée, Garang vînt nous trouver, Corto et moi: il était accompagné d'une jeune femme qui avait un message pour nous. Comme elle s'approchait je remarquais, malgré le voile qui la dissimulait, qu'il s'agissait plutôt d'une enfant. Elle venait nous annoncer que sa maîtresse s'était mise en route pour nous transmettre un message de la plus grande importance, mais qu'un parti de guerriers s'opposait à sa venue parmi nous. Sa maîtresse était l'héritière d'une vieille lignée de rois qui avaient jadis régné sur toute la région et dont les racines remontaient aux souverains de la Cité Sans Nom, une cité mythiques qui se trouvait par-delà les Hauts-Plateaux, très loin au Sud.
Après un rapide conseil, nous décidâmes de renvoyer la gamine avec un message pour sa maîtresse: si elle ne pouvait venir jusqu'à nous, nous allions nous mettre en marche dès l'aube et châtier les guerriers qui la retenaient. Pas pour les informations qu'elle souhaitait nous délivrer, mais pour punir ces méchants hommes qui s'opposaient à son bon plaisir.
C'était là notre plan, et en Afrique, un plan se déroule rarement comme prévu...
(à suivre...)
Peu après la première cataracte, Corto et ses compagnons descendirent à terre pour s'enfoncer dans l'arrière pays. Nous avions pour consigne de les attendre une semaine. Si après ce délai ils n'étaient pas réapparus, libre à nous de continuer seuls notre expédition. Ou plus raisonnablement de tenter de regagner le Caire.
J'eu l'occasion de remarquer combien le climat de cette région était sain: la proximité du désert asséchait l'atmosphère, écartant les miasmes qui auraient pu engendrer de terribles fièvres, comme dans les contrées que nous venions de traverser.
Une semaine passa et alors que la tension gagnait l'équipage, le groupe réapparut: la voie était libre et nous pouvions poursuivre notre route. Un homme les accompagnait, Garang, et allait nous servir de guide pour toute la remontée du fleuve.
Le pays sauvage se révéla être un pays désert: les rives semblaient abandonnées et les habitants des villages en bordure du fleuve étaient tous partis ou se cachaient à notre approche. Je garde un souvenir étrange de notre lente navigation dans ce pays aux paysages majestueux et fantomatiques.
Le seul évènement notable de notre périple fut un accostage nocturne près d'un hameau en ruines. Un groupe d'hommes en armes nous y attendaient. Plusieurs caisses furent descendues. D'autres furent montées à bord. Et ce fut tout: nous reprîmes notre route sans attendre l'aube.
Le Nil était encore haut en cette saison et nous pûmes passer au large des grands villes sans être inquiétés, tels des ombres au coeur de la nuit: à travers le fleuve, nous pouvions voir leurs bâtiments éclairés dans la nuit et sentir la vie grouillante et exotique qui les animait. Pour combien de temps encore ?
Enfin, je fus informé que nous avions dépassé la dernière et la plus majestueuses d'entre elles, Khartoum et que nous avions atteint le Nil Blanc. D'ici quelques jours nous aurions allions atteindre les marais du Sudd.
Le pays devenait plus sauvage, au fur et à mesure que nous remontions cet embranchement du Nil. Chaque jour nous éloignait un peu plus des zones où couvait la révolte. Les rives du fleuve recommencèrent progressivement à se peupler de petites communautés de pêcheurs. Nous en profitâmes pour refaire partiellement nos stocks de provisions, mais il nous fallait impérativement descendre à terre et rejoindre un village d'éleveurs pour nous ravitailler en viande: plus au sud, cela deviendrait impossible.
Notre guide, Garang, connaissait un tel village, en amont, et nous indiqua où accoster. Le pays nous semblait sûr et nous organisâmes une colonne pour traverser l'arrière-pays. Les Aventuriers allaient rester à bord pour veiller sur le navire et sa cargaison.
La piste s'étirait à travers un désert parsemé d'affleurements rocheux.
Nous progressions à allure modérée: la journée s'annonçait longue et nous n'avions aucun motif pour presser le pas.
Un premier groupe d'éclaireurs ouvrait la voie.
Après une si longue navigation, nous en profitions pour nous dégourdir les jambes et retrouver les joies simples d'une bonne marche à travers un pays d'une rare beauté et riche en découvertes...
Voyant le temps passer, Corto nous fit presser le pas et prit la tête de la colonne.
Les éclaireurs de tête continuaient d'explorer les abords de la piste et furent heureux de collecter de nombreux échantillons : je leur avais promis de belles récompenses si ceux qu'ils me ramenaient pouvaient éveiller ma curiosité.
La chaleur et la fatigue aidant, la colonne commença à s'étirer dangereusement: il était temps de resserrer les espaces entre nos groupes.
Au détour d'un rocher, un phacochère se jetait soudainement sur moi !
La surprise paralysa mon groupe, mais un tir à bout portant foudroya l'animal. Nous étions venus pour de la viande, nous en avions trouvé pour ce soir.
Aucun autre incident ne semblait devoir troubler cette journée.
Jusqu'à ce qu'un bruit de course s'élève derrière nous, à droite de la piste: un grand nombre de guerriers apparurent sur notre flanc !
D'où venaient-ils ?
Après qui en avaient-ils ?
Nous n'avions aucune envie de le découvrir et d'un pas décidé nous nous élançâmes sur la piste pour nous éloigner rapidement.
Les guerriers ne nous suivirent pas et nous crûmes l'incident clos.
Après quelques jours de marche, nous atteignîmes le village: Garang y avait de la famille et nous pûmes y acheter quelques bêtes qui suffiraient largement à nos besoins.
Les villages nous apprirent que plusieurs groupes de guerriers avaient été aperçus rôdant dans la région. Ils évitaient les villageois et les villageois se gardaient bien d'établir le moindre rapport avec eux.
Satisfaits du prix qu'ils avaient obtenus pour leurs bêtes, les villageois nous accordèrent l'hospitalité. Je discutais avec les anciens au sujet des échantillons collectés durant le voyage par nos éclaireurs. Les Anciens parurent amusés, déclarèrent joyeusement que ces choses étaient communes dans la région et m'instruisirent jusque tard dans la nuit de leur nature.
A l'aube, il était temps de partir et le voyage de retour se fit sans incident notable.
Une fois arrivés au navire, nous établîmes un campement pour plusieurs jours: plusieurs bêtes devaient être abattues et leur viande séchée.
Notre venue avait attiré l'attention des populations alentours qui vinrent commercer avec nous. Tout se passait pour le mieux. Trop peut-être.
La veille de reprendre notre navigation, à la nuit tombée, Garang vînt nous trouver, Corto et moi: il était accompagné d'une jeune femme qui avait un message pour nous. Comme elle s'approchait je remarquais, malgré le voile qui la dissimulait, qu'il s'agissait plutôt d'une enfant. Elle venait nous annoncer que sa maîtresse s'était mise en route pour nous transmettre un message de la plus grande importance, mais qu'un parti de guerriers s'opposait à sa venue parmi nous. Sa maîtresse était l'héritière d'une vieille lignée de rois qui avaient jadis régné sur toute la région et dont les racines remontaient aux souverains de la Cité Sans Nom, une cité mythiques qui se trouvait par-delà les Hauts-Plateaux, très loin au Sud.
Après un rapide conseil, nous décidâmes de renvoyer la gamine avec un message pour sa maîtresse: si elle ne pouvait venir jusqu'à nous, nous allions nous mettre en marche dès l'aube et châtier les guerriers qui la retenaient. Pas pour les informations qu'elle souhaitait nous délivrer, mais pour punir ces méchants hommes qui s'opposaient à son bon plaisir.
C'était là notre plan, et en Afrique, un plan se déroule rarement comme prévu...
(à suivre...)
Dernière édition par Jean-Michel II le Sam 30 Jan - 4:42, édité 2 fois
Jean-Michel II- Messages : 954
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Piotr Szut aime ce message
Re: Au coeur des ténèbres: Les Nilotiques
Le suspens est á son comble!
Vivement la suite!
Vivement la suite!
Michel 91- Messages : 3459
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La Prophétie
Éos aux doigts de rose
Vient porter son flambeau dans le ciel du matin
Pour révéler aux hommes les beautés d’un jardin
Et la couleur des choses.
Nature, ta chanson,
C’est celle que tisse la nuit la petite araignée
Dont on voit, dès l’aurore, la robe d’hyménée,
Légère comme un frisson.
Quand l’ombre s’évanouit et que s’éteint l’étoile,
Quand la nuée s’éclaircit en déchirant son voile,
Du jour, voilà l’éveil.
Pour annoncer au monde la bonne nouvelle,
L’horizon s’est paré des lumières du soleil
Dont voici l’étincelle.
Lorsque parut, matinale, l’Aurore aux doigts de rose, nous nous étions mis en route depuis plusieurs heures. Notre lot à nous, ici bas, c'était le sang et la merdre. Et nous étions en marche pour une sale besogne qui n'attendait que nous pour être accomplie.
Je suppose que les cons d'en face devaient éprouver un sentiment assez proche.
Un vent chaud et sec soufflait faiblement du Sud. Il charriait de légères notes de pourriture qui annonçaient le Grand Marais. Nous nous dirigions vers l'endroit où devait se dresser le campement de la princesse. La route était déserte et s'offrait à nous: une piste nue plongeant dans un défilé rocailleux. J'avais commandé aux éclaireurs d'explorer les environs, à la recherche de spécimens que m'avaient décrits les Anciens.
Nous avions adopté une formation en ligne pour rattiser les environs et éviter toute mauvaise surprise. Notre progression se voulait prudente et ne fut que désespérément lente. Je ressentais un étrange engourdissement me gagner au fur et à mesure qu'avançait la matinée. Je réalisais rapidement que je n'étais pas le seul à ressentir cette impression. Corto devait se souvenir de cette marche car, pour la première fois, ses compagnons firent preuve d'une profonde nervosité.
Comme nous approchions de là où la piste débouchait sur la plaine aride, nous perçûmes en premier une vague rumeur. Comme une houle qui s'élevait de derrière l'horizon. La rumeur enfla et se transforma en un chant mélodieux. Nous étions trop loin pour en saisir les paroles, mais assez proche pour apercevoir plusieurs groupes de guerriers devant nous. Nous avions l'initiative. Les éclaireurs avaient trouvé les spécimens que je recherchais: la journée s'annonçait prometteuse.
La voie était bloquée par plusieurs groupes hostiles.
Ils semblaient ne pas nous avoir repérés: nous en profitâmes pour nous glisser vers eux.
La manoeuvre était simple mais nous prit un temps effroyable long.
Un amas de grosses pierres se situait devant leur position et nous offrirait un abri efficace en cas de besoin.
Un premier groupe d'éclaireurs progressa jusqu'aux hauteurs et, à l'instant convenu, se dressa debout pour invectiver les guerriers. Revenus de leur surprise, ceux-ci se portèrent aussitôt à leur rencontre.
Les Supplétifs s'avancèrent alors pour détourner leur charge vers le champ de tir que nous avions choisi.
Nos ennemis étaient tombés dans le piège: la mise à mort pouvait commencer.
La fusillade éclata et elle faisait écho à la mystérieuse mélopé qui enflait dans la plaine.
Notre feu se concentrait sur le groupe de tête. Un mur de balles s'abattit sur lui. Nos tirs se révélèrent inefficaces: dès qu'une salve était lâchée, les guerriers se jetaient à terre pour se relever peu après. Lorsque la fusillade cessa, le groupe était suffisamment réduit pour ne plus représenter de menace immédiate. Mais c'était un piège: le premier groupe avait essuyé nos tirs pour permettre à une second de s'infiltrer à portée de charge...
Progressant à une vitesse stupéfiante, le groupe fondit sur nous et percuta les Supplétifs avant que nous ayant pu recharger nos armes...
Les Supplétifs serrèrent les rangs mais devant la fureur de l'assaut durent céder du terrain...
Aussitôt après ce succès, les guerriers lancèrent une nouvelle attaque. Sur le groupe de Soldats dont je faisais partie.
Que pouvions nous faire contre la fureur qui les animait ? Ils semblaient insensibles à nos coups : c'était comme s'ils les recherchaient pour nous les rendre aussitôt !
Un soldat et notre porteur s'effondrèrent sous leurs assauts, nous forçant à nous replier à notre tour.
Heureusement les armes étaient de nouveau chargées et une furieuse fusillade s'éleva bientôt: deux guerriers s'effondraient à leur tour, criblés de balles, et le groupe était stoppé.
Corto se jeta alors sur eux.
Malgré leurs pertes et leur épuisement, ils se révélèrent encore de redoutables adversaires. Un puissant combattant était à leur tête et il anima la rage meurtrière de ses hommes: Corto fut repoussé et perdit son porteur dans l'engagement.
Alors que nous désespérions de nous débarrasser de ces brutes, une nouvelle volée s'abattit sur eux. Elle sembla devoir échouer de nouveau jusqu'à ce que les Supplétifs fassent feu: leur tir foudroya à bout portant les deux guerriers et leur chef. Quel dommage ! La capture de ce dernier nous aurait apporté bien des avantages...
Pendant ce temps, profitant de la confusion, le premier groupe de guerriers s'était relevé et se jetait sur nos éclaireurs: l'un d'eux fut abattu et ses compagnons furent forcés de fuir les hauteurs...
Mais les guerriers les poursuivirent impitoyablement. Après les avoir rattrapés, ils en firent un abominable massacre !
Nous pouvions enfin reprendre notre marche en avant, lourdement chargés du corps de nos malheureux compagnons tombés au combat. Il était impensable de les abandonner derrière nous.
Au loin, des groupes de guerriers poussaient des cris de défis et semblaient se moquer de nous...
Nous arrivâmes à temps pour faire fuir le groupe qui avait massacré nos éclaireurs: ils n'eurent pas le temps d'emporter de trophées. Mais nous étions dorénavant bien trop encombrés pour entreprendre rapidement toute nouvelle action offensive.
Alors qu'un repli s'imposait à nous, nous vîmes les derniers sauvages se retirer dans la plaine. Le calme revînt et nous réalisâmes que le chant s'était tu.
Laissant nos blessés à la garde d'une partie de la colonne, j'accompagnais Corto pour reconnaître le terrain en avant. Nous débouchions enfin sur la plaine où des rafales de vent soulevaient des nuages de sable. Un campement était tout proche. Tout indiquait qu'un grande foule s'était tenu ici. Le campement était abandonné depuis peu et dans un épouvantable désordre: tout y avait été brisé. Ses occupants étaient maintenant loin et hors de notre portée.
Alors que je contemplais ce désastre, il me sembla entendre, porté par le vent, le rire de vieille femme. Un rire maléfique et à peine humain qui me glaça le sang.
Enfin mon regard se porta sur mes compagnons défaits. Tout danger semblait écarté. Pour le moment.
Nous étions à terre. Il fallait nous relever. Pour commencer, nos blessés avaient besoin de soins: un éclaireur et le porteur de Corto étaient morts. Les autres ne soufraient que de blessures légères. Nous reprîmes la route du fleuve, nous avions manqué une occasion mais rien ne semblait définitivement perdu: d'autres allaient se présenter, plus loin dans les marais du Sudd.
Vient porter son flambeau dans le ciel du matin
Pour révéler aux hommes les beautés d’un jardin
Et la couleur des choses.
Nature, ta chanson,
C’est celle que tisse la nuit la petite araignée
Dont on voit, dès l’aurore, la robe d’hyménée,
Légère comme un frisson.
Quand l’ombre s’évanouit et que s’éteint l’étoile,
Quand la nuée s’éclaircit en déchirant son voile,
Du jour, voilà l’éveil.
Pour annoncer au monde la bonne nouvelle,
L’horizon s’est paré des lumières du soleil
Dont voici l’étincelle.
Lorsque parut, matinale, l’Aurore aux doigts de rose, nous nous étions mis en route depuis plusieurs heures. Notre lot à nous, ici bas, c'était le sang et la merdre. Et nous étions en marche pour une sale besogne qui n'attendait que nous pour être accomplie.
Je suppose que les cons d'en face devaient éprouver un sentiment assez proche.
Un vent chaud et sec soufflait faiblement du Sud. Il charriait de légères notes de pourriture qui annonçaient le Grand Marais. Nous nous dirigions vers l'endroit où devait se dresser le campement de la princesse. La route était déserte et s'offrait à nous: une piste nue plongeant dans un défilé rocailleux. J'avais commandé aux éclaireurs d'explorer les environs, à la recherche de spécimens que m'avaient décrits les Anciens.
Nous avions adopté une formation en ligne pour rattiser les environs et éviter toute mauvaise surprise. Notre progression se voulait prudente et ne fut que désespérément lente. Je ressentais un étrange engourdissement me gagner au fur et à mesure qu'avançait la matinée. Je réalisais rapidement que je n'étais pas le seul à ressentir cette impression. Corto devait se souvenir de cette marche car, pour la première fois, ses compagnons firent preuve d'une profonde nervosité.
Comme nous approchions de là où la piste débouchait sur la plaine aride, nous perçûmes en premier une vague rumeur. Comme une houle qui s'élevait de derrière l'horizon. La rumeur enfla et se transforma en un chant mélodieux. Nous étions trop loin pour en saisir les paroles, mais assez proche pour apercevoir plusieurs groupes de guerriers devant nous. Nous avions l'initiative. Les éclaireurs avaient trouvé les spécimens que je recherchais: la journée s'annonçait prometteuse.
La voie était bloquée par plusieurs groupes hostiles.
Ils semblaient ne pas nous avoir repérés: nous en profitâmes pour nous glisser vers eux.
La manoeuvre était simple mais nous prit un temps effroyable long.
Un amas de grosses pierres se situait devant leur position et nous offrirait un abri efficace en cas de besoin.
Un premier groupe d'éclaireurs progressa jusqu'aux hauteurs et, à l'instant convenu, se dressa debout pour invectiver les guerriers. Revenus de leur surprise, ceux-ci se portèrent aussitôt à leur rencontre.
Les Supplétifs s'avancèrent alors pour détourner leur charge vers le champ de tir que nous avions choisi.
Nos ennemis étaient tombés dans le piège: la mise à mort pouvait commencer.
La fusillade éclata et elle faisait écho à la mystérieuse mélopé qui enflait dans la plaine.
Notre feu se concentrait sur le groupe de tête. Un mur de balles s'abattit sur lui. Nos tirs se révélèrent inefficaces: dès qu'une salve était lâchée, les guerriers se jetaient à terre pour se relever peu après. Lorsque la fusillade cessa, le groupe était suffisamment réduit pour ne plus représenter de menace immédiate. Mais c'était un piège: le premier groupe avait essuyé nos tirs pour permettre à une second de s'infiltrer à portée de charge...
Progressant à une vitesse stupéfiante, le groupe fondit sur nous et percuta les Supplétifs avant que nous ayant pu recharger nos armes...
Les Supplétifs serrèrent les rangs mais devant la fureur de l'assaut durent céder du terrain...
Aussitôt après ce succès, les guerriers lancèrent une nouvelle attaque. Sur le groupe de Soldats dont je faisais partie.
Que pouvions nous faire contre la fureur qui les animait ? Ils semblaient insensibles à nos coups : c'était comme s'ils les recherchaient pour nous les rendre aussitôt !
Un soldat et notre porteur s'effondrèrent sous leurs assauts, nous forçant à nous replier à notre tour.
Heureusement les armes étaient de nouveau chargées et une furieuse fusillade s'éleva bientôt: deux guerriers s'effondraient à leur tour, criblés de balles, et le groupe était stoppé.
Corto se jeta alors sur eux.
Malgré leurs pertes et leur épuisement, ils se révélèrent encore de redoutables adversaires. Un puissant combattant était à leur tête et il anima la rage meurtrière de ses hommes: Corto fut repoussé et perdit son porteur dans l'engagement.
Alors que nous désespérions de nous débarrasser de ces brutes, une nouvelle volée s'abattit sur eux. Elle sembla devoir échouer de nouveau jusqu'à ce que les Supplétifs fassent feu: leur tir foudroya à bout portant les deux guerriers et leur chef. Quel dommage ! La capture de ce dernier nous aurait apporté bien des avantages...
Pendant ce temps, profitant de la confusion, le premier groupe de guerriers s'était relevé et se jetait sur nos éclaireurs: l'un d'eux fut abattu et ses compagnons furent forcés de fuir les hauteurs...
Mais les guerriers les poursuivirent impitoyablement. Après les avoir rattrapés, ils en firent un abominable massacre !
Nous pouvions enfin reprendre notre marche en avant, lourdement chargés du corps de nos malheureux compagnons tombés au combat. Il était impensable de les abandonner derrière nous.
Au loin, des groupes de guerriers poussaient des cris de défis et semblaient se moquer de nous...
Nous arrivâmes à temps pour faire fuir le groupe qui avait massacré nos éclaireurs: ils n'eurent pas le temps d'emporter de trophées. Mais nous étions dorénavant bien trop encombrés pour entreprendre rapidement toute nouvelle action offensive.
Alors qu'un repli s'imposait à nous, nous vîmes les derniers sauvages se retirer dans la plaine. Le calme revînt et nous réalisâmes que le chant s'était tu.
Laissant nos blessés à la garde d'une partie de la colonne, j'accompagnais Corto pour reconnaître le terrain en avant. Nous débouchions enfin sur la plaine où des rafales de vent soulevaient des nuages de sable. Un campement était tout proche. Tout indiquait qu'un grande foule s'était tenu ici. Le campement était abandonné depuis peu et dans un épouvantable désordre: tout y avait été brisé. Ses occupants étaient maintenant loin et hors de notre portée.
Alors que je contemplais ce désastre, il me sembla entendre, porté par le vent, le rire de vieille femme. Un rire maléfique et à peine humain qui me glaça le sang.
Enfin mon regard se porta sur mes compagnons défaits. Tout danger semblait écarté. Pour le moment.
Nous étions à terre. Il fallait nous relever. Pour commencer, nos blessés avaient besoin de soins: un éclaireur et le porteur de Corto étaient morts. Les autres ne soufraient que de blessures légères. Nous reprîmes la route du fleuve, nous avions manqué une occasion mais rien ne semblait définitivement perdu: d'autres allaient se présenter, plus loin dans les marais du Sudd.
Jean-Michel II- Messages : 954
Date d'inscription : 22/10/2012
Localisation : 78
korre et Piotr Szut aiment ce message
Hagardunord- Messages : 6
Date d'inscription : 19/07/2020
Re: Au coeur des ténèbres: Les Nilotiques
Sympathique le rapport de combat.
korre- Messages : 887
Date d'inscription : 31/05/2012
Re: Au coeur des ténèbres: Les Nilotiques
Merci.Hagardunord a écrit:Encore une belle aventure...
Michel n'a vraiment pas eu de bol ce jour là:
- pour la première partie, l'opposition apparait juste au moment où il sort de table;
- pour la seconde, le compteur de temps s'est affolé (en gros, lorsqu'il fallait mesurer avec 1D20 la durée réelle d'un tour, il faisait des 20 !) et ses adversaires sauvegardaient ses tirs au-delà du raisonnable.
D'où l'intervention de la Grande Méchante à la fin: je ne vois que ça...
Enfin, pendant ce temps-là, elle laissait la colonne Lelagedec en paix !
Dernière édition par Jean-Michel II le Mer 9 Sep - 0:30, édité 1 fois
Jean-Michel II- Messages : 954
Date d'inscription : 22/10/2012
Localisation : 78
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