Au coeur des ténèbres: Dans les anneaux du Fleuve-Serpent
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korre
Jean-Michel II
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Re: Au coeur des ténèbres: Dans les anneaux du Fleuve-Serpent
Encore plus mieux avec des photos couleurs!
Michel 91- Messages : 3459
Date d'inscription : 05/06/2012
Localisation : Essone (91)
Le Territoire Interdit
Extrait du journal La Bretagne – Août 1884
Des nouvelles de la colonne Lelagedec !
Nous étions restés depuis plusieurs mois sans nouvelle de nos amis. Jusqu’à ce que, il y a quelques jours, le journal reçoive une convocation du Ministère des Affaires Etrangères. Là-bas, notre rédacteur se voyait remettre un paquet provenant de l’ambassade d’Allemagne au sultanat de Zanzibar : un indigène l'y avait déposé avant de disparaître. Il contenait une longue lettre rédigée par le commandant, narrant l’épisode qui va vous être présenté.
Durant son séjour dans le village, le commandant avait étudié les différentes voies qui s’offraient à lui pour rejoindre les Hauts Plateaux qui étaient maintenant très proches. Parmi celles-ci, il s’en trouvait une qui permettait de couper à travers les obstacles qui restaient à affronter. Mais sa seule évocation suffisant à plonger les Anciens dans un état d’affolement dont ils mettaient longtemps à sortir : il y a plusieurs générations, la voie avait été frappée d’interdits par les Anciens. Elle traversait un territoire où une puissante magie noire était à l’œuvre. Il ne pourrait qu’arriver malheur à quiconque oserait braver cet interdit.
Impossible n’est pas Français : la colonne avait pris du retard et il fallait faire son possible pour le rattraper. Le commandant décida d’ignorer l’interdit et d’affronter son destin. La colonne partit donc vers le territoire interdit.
Un jour, elle quitta la jungle luxuriante pour s’enfoncer au plus profond d’une forêt sombre et silencieuse. Les indigènes qui accompagnaient la colonne montraient des signes de nervosité. Les bancs de brume matinaux tardaient à se dissiper et une odeur malsaine se dégageait des végétaux, comme si la forêt elle-même était malade.
Comme la nuit tombait, la colonne trouva une clairière et établit son camp. Se rappelant les derniers conseils des Anciens, le commandant fit allumer un grand feu au milieu du campement et après avoir encouragé chacun d’une parole ferme, partit prendre un peu de repos.
Le repos ne vint pas tant son sommeil fut agité : une menace invisible et inconnue semblait rôder aux alentours. Dans son rêve, il se voyait errer dans la forêt pour soudainement déboucher dans un espace plongé dans une lumière éblouissante et douloureuse. Au même moment, il lui semblait percevoir les cris de nombreuses silhouettes en train de s’enfuir. Le commandant fut immédiatement sur ses pieds : ces cris étaient bien réels, le camp était attaqué !
Arme au poing, le commanda se ruant hors de sa tente et buta contre l’enseigne Le Liennec :
- N’eo ket gwir ! Les Porteurs, Commandant ! Une partie a foutu le camp dans la jungle en hurlant !
- Gast ! Monsieur Le Liennec, quelque chose approche… Regroupez vos supplétifs et partez explorer les environs : dans ces ténèbres, ils n’ont pu aller bien loin.
Aussitôt dit, aussitôt exécuté, l’enseigne Le Liennec forçait l’allure dans la nuit silencieuse à la recherche des indigènes en fuite…
Des traces menaient vers une zone la végétation un peu plus loin…
Rapidement, le commandant mettait sur le pied de guerre le reste de ses groupes et partait à la tête de ses askaris…
Le groupe était encore novice et rechignait à suivre son chef.
De l’autre côté du camp, les soldats et l’Amicale s’épaulaient pour reconnaître les environs. Les éclaireurs se tenant en réserve pour explorer les terrains dangereux où les indigènes pouvaient s’être réfugiés.
Grace à la réaction rapide du commandant, les malheureux n’avaient pas eu le temps de fuir bien loin.
L’Amicale poussait se reconnaissance plus en avant…
Là ! Un porteur !
Les soldats progressaient dans la forêt vers un secteur non encore exploré…
Rien ? Un instant il leur sembla entendre des murmures provenant du coeur de la forêt, comme des ricanement. L'effet de la fatigue sans aucun doute...
Pendant ce temps l’Amicale se portait courageusement dans le terrain dangereux et recueillait le porteur affolé.
L’enseigne trouvait les mots pour réconforter ses supplétifs…
- Allez les enfants ! Il y en a un tout à côté !
Et un autre porteur de secouru…
- Silence ! ordonne le commandant à ses askaris. J’en entends un tout près d’ici…
Les éclaireurs se remettaient en marche et ouvrent la route aux soldats et à l’Amicale.
Pas le moindre incident : les terreurs nocturnes commençaient à se dissiper et les groupes progressaient avec rapidité…
- Là, commandant !
Un askari venait d’apercevoir un porteur…
Avant que leur chef ne puisse réagir, les askaris se précipitaient en avant et pénétraient dans les fourrés : le sol était couvert de crânes humains. Des flèches transpercèrent la nuit et vinrent se figer autour du groupe : l’avertissement était clair !
- Halte à la marche et en position de combat ! ordonna sèchement le commandant, mécontent du comportement de ses hommes.
Les supplétifs continuaient leur progression sous le couvert des askaris…
Les voyant approcher, un groupe de femmes appela hystériquement au secours…
Plus qu’une zone à explorer ! Les éclaireurs se précipitaient en toute confiance…
Les soldats fouillaient le secteur…
… et leur sang se figea dans leurs veines : de nouveau des ricanements sinistres s’élevaient tout à côté, de la végétation qui s’agitait alors qu’une étrange fumée noire commençait à jaillir des ténèbres de la nuit.
Les ricanements semblaient se répercuter dans la végétation et une nouvelle fumée s’élevait derrière les soldats.
Et encore une autre : les 3 groupes étaient sur le point d'être encerclés !
La bonne réaction au bon moment : les soldats organisaient un repli précipité des groupes vers le campement.
Ignorant tout du drame qui se tramait, l’enseigne abordait le terrain où les femmes s’étaient réfugiées.
- Attention ! Attention au piège ! se mirent-elles à hurler tout d’un coup.
Trop tard pour Yépo, l’éclaireur qui s’écroulait sans un cri, les traits à jamais figé dans une expression incrèdule.
Avec célérité, les femmes étaient recueillies et le corps du malheureux Yépo emporté… car plus loin le tumulte d’une lutte frénétique s’élevait !
Les trois groupes encerclés étaient assailli par les créatures ténébreuses !
Les deux premières se jetaient sur les soldats et l’Amicale tandis que la dernière essayait de bloquer leur repli vers le campement…
L’Amicale réussissait à repousser l’une d’elles… mais les soldats lâchaient pied : que faire contre ces horreurs ?
Au loin, la voix du commandant brisa le sceau glacé de leur angoisse :
- Repliez-vous autour du feu !
L’ordre était haut et clair ; l’exécution fut rapide !
Tous les groupes et les indigènes secourus avaient trouvé refuge autour du feu : les formes ténébreuses cernaient le camp mais n’osaient pas s’approcher. Les réserves de combustibles étaient suffisantes pour tenir le reste de la nuit : la colonne était en sécurité et pouvait se rallier.
Une aube blafarde succéda à une nuit de terreurs : les monstruosités avaient disparu et chacun força naturellement l’allure lorsque la colonne se remit en marche. Nul ne souhaitait passer une nuit de plus en cet endroit. A midi, le sol commença à s’élever. La végétation s’espaça et le sol se fit plus ferme. Et brutalement, perçant la brume, les pieds des falaises des Hauts Plateaux leurs barrèrent le passage. La colonne fit halte et les éclaireurs furent envoyés pour trouver un sentier : il fallait trouver rapidement un passage et quitter ce lieu maudit.
6 mois s'étaient écoulés depuis le débarquement de la colonne à Boma: le plus dur restait à faire.
Nous étions restés depuis plusieurs mois sans nouvelle de nos amis. Jusqu’à ce que, il y a quelques jours, le journal reçoive une convocation du Ministère des Affaires Etrangères. Là-bas, notre rédacteur se voyait remettre un paquet provenant de l’ambassade d’Allemagne au sultanat de Zanzibar : un indigène l'y avait déposé avant de disparaître. Il contenait une longue lettre rédigée par le commandant, narrant l’épisode qui va vous être présenté.
Durant son séjour dans le village, le commandant avait étudié les différentes voies qui s’offraient à lui pour rejoindre les Hauts Plateaux qui étaient maintenant très proches. Parmi celles-ci, il s’en trouvait une qui permettait de couper à travers les obstacles qui restaient à affronter. Mais sa seule évocation suffisant à plonger les Anciens dans un état d’affolement dont ils mettaient longtemps à sortir : il y a plusieurs générations, la voie avait été frappée d’interdits par les Anciens. Elle traversait un territoire où une puissante magie noire était à l’œuvre. Il ne pourrait qu’arriver malheur à quiconque oserait braver cet interdit.
Impossible n’est pas Français : la colonne avait pris du retard et il fallait faire son possible pour le rattraper. Le commandant décida d’ignorer l’interdit et d’affronter son destin. La colonne partit donc vers le territoire interdit.
Un jour, elle quitta la jungle luxuriante pour s’enfoncer au plus profond d’une forêt sombre et silencieuse. Les indigènes qui accompagnaient la colonne montraient des signes de nervosité. Les bancs de brume matinaux tardaient à se dissiper et une odeur malsaine se dégageait des végétaux, comme si la forêt elle-même était malade.
Comme la nuit tombait, la colonne trouva une clairière et établit son camp. Se rappelant les derniers conseils des Anciens, le commandant fit allumer un grand feu au milieu du campement et après avoir encouragé chacun d’une parole ferme, partit prendre un peu de repos.
Le repos ne vint pas tant son sommeil fut agité : une menace invisible et inconnue semblait rôder aux alentours. Dans son rêve, il se voyait errer dans la forêt pour soudainement déboucher dans un espace plongé dans une lumière éblouissante et douloureuse. Au même moment, il lui semblait percevoir les cris de nombreuses silhouettes en train de s’enfuir. Le commandant fut immédiatement sur ses pieds : ces cris étaient bien réels, le camp était attaqué !
Arme au poing, le commanda se ruant hors de sa tente et buta contre l’enseigne Le Liennec :
- N’eo ket gwir ! Les Porteurs, Commandant ! Une partie a foutu le camp dans la jungle en hurlant !
- Gast ! Monsieur Le Liennec, quelque chose approche… Regroupez vos supplétifs et partez explorer les environs : dans ces ténèbres, ils n’ont pu aller bien loin.
Aussitôt dit, aussitôt exécuté, l’enseigne Le Liennec forçait l’allure dans la nuit silencieuse à la recherche des indigènes en fuite…
Des traces menaient vers une zone la végétation un peu plus loin…
Rapidement, le commandant mettait sur le pied de guerre le reste de ses groupes et partait à la tête de ses askaris…
Le groupe était encore novice et rechignait à suivre son chef.
De l’autre côté du camp, les soldats et l’Amicale s’épaulaient pour reconnaître les environs. Les éclaireurs se tenant en réserve pour explorer les terrains dangereux où les indigènes pouvaient s’être réfugiés.
Grace à la réaction rapide du commandant, les malheureux n’avaient pas eu le temps de fuir bien loin.
L’Amicale poussait se reconnaissance plus en avant…
Là ! Un porteur !
Les soldats progressaient dans la forêt vers un secteur non encore exploré…
Rien ? Un instant il leur sembla entendre des murmures provenant du coeur de la forêt, comme des ricanement. L'effet de la fatigue sans aucun doute...
Pendant ce temps l’Amicale se portait courageusement dans le terrain dangereux et recueillait le porteur affolé.
L’enseigne trouvait les mots pour réconforter ses supplétifs…
- Allez les enfants ! Il y en a un tout à côté !
Et un autre porteur de secouru…
- Silence ! ordonne le commandant à ses askaris. J’en entends un tout près d’ici…
Les éclaireurs se remettaient en marche et ouvrent la route aux soldats et à l’Amicale.
Pas le moindre incident : les terreurs nocturnes commençaient à se dissiper et les groupes progressaient avec rapidité…
- Là, commandant !
Un askari venait d’apercevoir un porteur…
Avant que leur chef ne puisse réagir, les askaris se précipitaient en avant et pénétraient dans les fourrés : le sol était couvert de crânes humains. Des flèches transpercèrent la nuit et vinrent se figer autour du groupe : l’avertissement était clair !
- Halte à la marche et en position de combat ! ordonna sèchement le commandant, mécontent du comportement de ses hommes.
Les supplétifs continuaient leur progression sous le couvert des askaris…
Les voyant approcher, un groupe de femmes appela hystériquement au secours…
Plus qu’une zone à explorer ! Les éclaireurs se précipitaient en toute confiance…
Les soldats fouillaient le secteur…
… et leur sang se figea dans leurs veines : de nouveau des ricanements sinistres s’élevaient tout à côté, de la végétation qui s’agitait alors qu’une étrange fumée noire commençait à jaillir des ténèbres de la nuit.
Les ricanements semblaient se répercuter dans la végétation et une nouvelle fumée s’élevait derrière les soldats.
Et encore une autre : les 3 groupes étaient sur le point d'être encerclés !
La bonne réaction au bon moment : les soldats organisaient un repli précipité des groupes vers le campement.
Ignorant tout du drame qui se tramait, l’enseigne abordait le terrain où les femmes s’étaient réfugiées.
- Attention ! Attention au piège ! se mirent-elles à hurler tout d’un coup.
Trop tard pour Yépo, l’éclaireur qui s’écroulait sans un cri, les traits à jamais figé dans une expression incrèdule.
Avec célérité, les femmes étaient recueillies et le corps du malheureux Yépo emporté… car plus loin le tumulte d’une lutte frénétique s’élevait !
Les trois groupes encerclés étaient assailli par les créatures ténébreuses !
Les deux premières se jetaient sur les soldats et l’Amicale tandis que la dernière essayait de bloquer leur repli vers le campement…
L’Amicale réussissait à repousser l’une d’elles… mais les soldats lâchaient pied : que faire contre ces horreurs ?
Au loin, la voix du commandant brisa le sceau glacé de leur angoisse :
- Repliez-vous autour du feu !
L’ordre était haut et clair ; l’exécution fut rapide !
Tous les groupes et les indigènes secourus avaient trouvé refuge autour du feu : les formes ténébreuses cernaient le camp mais n’osaient pas s’approcher. Les réserves de combustibles étaient suffisantes pour tenir le reste de la nuit : la colonne était en sécurité et pouvait se rallier.
Une aube blafarde succéda à une nuit de terreurs : les monstruosités avaient disparu et chacun força naturellement l’allure lorsque la colonne se remit en marche. Nul ne souhaitait passer une nuit de plus en cet endroit. A midi, le sol commença à s’élever. La végétation s’espaça et le sol se fit plus ferme. Et brutalement, perçant la brume, les pieds des falaises des Hauts Plateaux leurs barrèrent le passage. La colonne fit halte et les éclaireurs furent envoyés pour trouver un sentier : il fallait trouver rapidement un passage et quitter ce lieu maudit.
6 mois s'étaient écoulés depuis le débarquement de la colonne à Boma: le plus dur restait à faire.
Jean-Michel II- Messages : 954
Date d'inscription : 22/10/2012
Localisation : 78
wilhelm et Piotr Szut aiment ce message
Re: Au coeur des ténèbres: Dans les anneaux du Fleuve-Serpent
Encore un bien beau récit.
Bravo et merci.
Serge
Bravo et merci.
Serge
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Heureux les fêlés, ils laissent passer la lumière
Audiard
Piotr Szut- Messages : 216
Date d'inscription : 06/05/2019
Age : 72
Localisation : LE CHEYLAS (38)
Jean-Michel II aime ce message
Re: Au coeur des ténèbres: Dans les anneaux du Fleuve-Serpent
Flippantes ces créatures chtulhiennes, c'était quoi au juste?!
Michel 91- Messages : 3459
Date d'inscription : 05/06/2012
Localisation : Essone (91)
Re: Au coeur des ténèbres: Dans les anneaux du Fleuve-Serpent
Ton pire cauchemar, Michel !Michel 91 a écrit:Flippantes ces créatures chtulhiennes, c'était quoi au juste?!
Elles te font littéralement mourir de peur...
Tu pourras leur demander quand tu les rencontreras...
Et dire qu'elles auraient pu rentrer beaucoup plus tôt... et en plus grand nombre ! Les hasards de l'aventure... Là, elles sont toutes rentrées dans des terrains voisins. Je m'attendais bien à ce qu'elles fassent fuir un groupe chez les pygmées: quel désastre cela aurait été !
Pour le territoire des pygmées cannibales et le piège, là j'y suis pour rien: c'est la table des terrains dangereux qui a décidé...
Jean-Michel II- Messages : 954
Date d'inscription : 22/10/2012
Localisation : 78
Re: Au coeur des ténèbres: Dans les anneaux du Fleuve-Serpent
CR ambiance nocturne. Bravo.
korre- Messages : 888
Date d'inscription : 31/05/2012
Jean-Michel II aime ce message
Re: Au coeur des ténèbres: Dans les anneaux du Fleuve-Serpent
Merci. La production ne lésine pas sur les effets spéciaux.korre a écrit:CR ambiance nocturne. Bravo.
J'ai trouvé un volontaire pour prendre la route du Nord et descendre le Nil: les crocos viennent d'investir dans les cure-dents.
Une bonne hygiène dentaire, c'est indispensable pour un bon accueil !
Jean-Michel II- Messages : 954
Date d'inscription : 22/10/2012
Localisation : 78
Re: Au coeur des ténèbres: Dans les anneaux du Fleuve-Serpent
La suite, la suite ..........................
Serge
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Audiard
Piotr Szut- Messages : 216
Date d'inscription : 06/05/2019
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Localisation : LE CHEYLAS (38)
Jean-Michel II aime ce message
Re: Au coeur des ténèbres: Dans les anneaux du Fleuve-Serpent
Très sympa !! On s'y croirait !!
YGGDRASYLL- Messages : 224
Date d'inscription : 24/06/2012
Jean-Michel II aime ce message
La Porte Cachée
Journal de bord de l’expédition Lelagadec : 297ème jour après notre débarquement à Boma.
L’escalade des falaises conduisant aux Hauts-Plateaux était lointain dernière nous mais malgré les efforts qu’il fallut déployer pour en venir à bout, elle restait un souvenir lumineux par rapport à notre errance actuelle. Depuis des jours nous avancions la brume fétide qui empoisonnait leur sommet. Des marais devaient être proches, mais n’avions pas encore réussit à les trouver. Je suivais les indications laissées par Ottonello et commençait à douter de la santé mentale de ce vieux fou présomptueux. Jusqu’à ce que les signes apparaissent : dans les dernières lueurs blafardes d’une journée épuisante, la forêt de tronc fossilisés était là, devant nous. Nous approchions enfin de la Porte. Un regain d’énergie parcourut la colonne et plusieurs étaient d’avis de continuer notre route, signe néfaste trahissant l’épuisement d’une grande partie de nos hommes. Je leur interdis cette imprudence et le camp fut dressé. Car depuis quelques jours, je sentais une présence hostile autour de nous : nous n’étions plus seuls. Un Pouvoir inconnu allait de nouveau se dresser devant nous.
Après une nuit sans repos, nous reprîmes la route vers le cœur de la forêt pétrifiée.
Le terrain descendait et la brume devenait à chaque pas plus dense. La lumière semblait peiner à percer cette atmosphère lourde et oppressante. Quels sombres mystères étaient cachés en son sein ?
J’avais dépêché en avant le groupe de soldat. Leur indéfectible courage les désignait pour mener l’exploration de ce lieu abandonné des Hommes. Ils ne tardèrent pas à repérer à travers la brume sale et collante le premier des signes décrits par Ottonello: la Porte était entourés de groupes de pieu qui portaient des marques. Ces marqueurs indiquaient l'emplacement de la Porte. Il fallait donc trouver ces pieux pour trouver la Porte. Et nous avions trouvé les premiers d'entre eux.
Une halte et le reste de la colonne se déployait autour d’eux : j’avais ordonné d’avancer sans approcher ces sinistres enseignes, sentant que leur profanation allait irriter les Esprits des lieux et d’autres menaces inconnues.
La pestilence qui régnait semblait avoir sa source dans plusieurs mares putrides qui apparaissaient entre les arbres. Je conduisis mon groupe d’Askaris pour en contourner une sur notre flanc droit.
De nouveaux crânes grimaçant apparurent devant nous : Ottonello signalait dans ses notes que la Porte en était entourée… et sous la surveillance des Gardiens. Sur un signe, Le Liennec conduisait ses Supplétifs et le reste de la colonne en avant, droit au cœur de la forêt.
Comme décidé avec mes officiers, chaque groupe devait rester en vue du Drapeau et de fréquentes pauses dans notre progression nous permettait de contrer l’oppression qui nous étreignait.
La colonne progressait toujours plus en avant, chaque groupe prêt à soutenir ses voisins.
Alors que notre arrière garde allait dépasser les premiers pieux, les Novices exécutèrent la mission que je leur avais confiée : s’approcher et relever les marques qui s’y trouvaient.
Ce qu’ils découvrirent les submergea d’un vague de terreur : les Esprits manifestaient leur hostilité mais ne se découvraient pas encore.
Le Liennec et ses Supplétifs s’avançaient à leur tour pour examiner les marques sur le second groupe de pieux. Une nouvelle vague de terreur les submergea à leur tour.
Je me portais en pointe vers un troisième groupe de pieux. Les marques étaient claires et nous touchions au but.
Et c’est alors que je les vis : silhouettes indistinctes jaillissant de la brume. Un premier groupe apparut brièvement sur un escarpement rocheux, mais quelque chose dut les arrêter : le groupe sembla même prendre la fuite.
Puis, un groupe de guerriers apparût tout prêt: des guerriers fonçait vers nous : nous étions attaqués !
La bataille pour la Porte venait de commencer...
Ce premier choc fut rude et les Esprits nous furent favorables: les guerriers étaient repoussés et laissaient derrière eux deux des leurs.
Le groupe repoussé était juste à notre portée de tir: cette satanée limitait terriblement nos ligne de vue. Mais, là, nous les tenions !
Une salve de mousquets bien ajustée envoyait deux autres guerriers au tapis et clouait les survivants.
Aux Supplétifs d'intervenir !
Le Guennec vit l'occasion et après une salve qui coucha un guerrier de plus, se précipita avec son groupe sur nos agresseurs.
Le dernier guerrier avait une apparence terrifiante mais l'attaque ne lui laissa aucune chance: il fut impitoyablement pourfendu.
A peine avions nous éliminé ce groupe que de menaçantes silhouettes apparaissaient à l'arrière de la colonne: nous risquions d'être débordés.
En face de moi, les silhouettes reprenaient l'ascension du de l'escarpement rocheux et se révélaient être des archers accompagnés d'un tambour de guerre !
Les voyants se mettre en position pour nous décocher une salve, j'ordonnais à mes Askaris de resserrer les rangs derrière moi...
A mon grand effarement, des flèches vinrent nous encadrer: les sauvages ne semblaient pas être gênés par la brume !
En tout hâte, je commandais un repli derrière un fourré qui nous dissimula à la vue de nous agresseurs. En faisant mouvement, j'aperçu un nouveau groupe de pieux.
Les archers avaient une vue dégagée sur ces pieux et il allait bien falloir y aller: l'affaire serait chaude !
A l'opposé du champ de bataille, nos novices se mettaient en marche pour atteindre un autre groupe de pieux.
Avec sur leurs talons, le groupe de guerriers qui tentaient de nous déborder...
Voyant nos lignes s'étirer, ce dernier modifia sa course pour venir directement menacer notre centre.
Sentant poindre la menace, Le Guénnec regroupait ses Supplétifs avec nos éclaireurs. Le Drapeau flottait mollement dans l'air lourd, mais les 3 couleurs étaient bien visibles de nos groupes et ranimaient les coeurs !
A l'horizon, un soleil blafard couronnait déjà le plateau: la journée était bien avancée, il ne fallait plus perdre de temps. J'emmenai avec moi les Askaris pour découvrir le groupe de pieux à proximité.
Nous étions nus face aux archers !
Un grondement sauvage retentit alors: le tambours de guerre rentrait en action. Les archers parurent galvanisés. a l'opposé de nos Novices qui commencèrent à marquer le pas: le dernier groupe de pieux était face à eux, mais leur foulée se fit soudainement plus lourde...
Lorsque le tambour se tût, nous entendîmes le sifflement aigu s'approcher de nous: la plupart se figèrent sur le sol, mais l'une trouva sa cible. Un cri retentit, un corps s'abattit ! Qui était touché ?
Bakari, le courageux porteur qui avait succédé à Yepo, était au sol.
Les derniers rayons de soleil éclairaient le traits déformés du malheureux. Mais dans ses yeux brillait un ardent désir de vivre. Nous ramassâmes son corps : non Bakari ! tu n'es pas été abandonné au triste sort qui t'attendait !
Et dans les yeux des Novices brillait la même flamme ! Un rayon de lumière vint toucher de Drapeau tricolore et leur coeur simple y vit un prodige: reprenant courage, il étaient prêt à un ultime effort.
Enfin, le dernier groupe de pieux était découvert: nous avions la clé pour ouvrir la porte... mais arriverions nous à la franchir à temps ?
Nos ennemis dans le dos, tous les groupes se précipitèrent pour franchir la Porte qui était apparue devant nous...
Les éclaireurs ouvrirent la voie. suivis par Le Guennec et les Supplétifs. Les Soldats et les Novices s'offraient pour couvrir notre retraite. Je franchis avec les Askari et le malheureux Bakari la Porte.
et les derniers rayons de soleil mourraient sur la crête du plateau: la voie serait bientôt close !
Le temps semblait comme suspendu: les Esprits étaient avec nous. La brume prenaient des couleurs sang comme le groupe de guerrier s'apprêtait à fondre sur les soldats en arrière-garde !
Les Soldats ouvrirent calmement le feu à bout portant sur la vague hurlante qui fondait sur eux. Leur tir fut efficace: le groupe dût se jeter à terre et sembla un instant incapable de se relever.
Mais les guerriers étaient menés par un grand Chef: il parvînt à ranimer le courage de ses hommes. Ils furent en un instant sur leurs pieds et leur soif de carnage était terrible. Leur assaut était imminant.
Et alors que les archers descendaient de l'escarpement et venaient se porter sur l'arrière de nos vaillants camarades...
... le groupe de guerriers se lançait à l'assaut et nos groupes s'élançaient vers la Porte simultanément.
Heureusement, l'initiative fut notre: nos groupes passaient la Porte et l'assaut s'achevait dans le vide !
Les groupes s'enfoncèrent à toute allure dans un long tunnel pour rejoindre le reste de la colonne qui avaient commencé à allumer quelques torches: les hurlements de frustration des sauvages diminuèrent rapidement pour s'éteindre. Ils ne franchissaient pas la Porte pour nous poursuivre. Nous étions sauvés ! Mais pour combien de temps...
Ayant perdu toute notion du temps, nous continuâmes notre course éperdue à travers les ténèbres durant ce qui nous paru être une éternité. Le sol descendait rapidement et tout à coup s'ouvrit devant nous une immense grotte. Le temps était venu de faire une pause. Tout le monde rit beaucoup en voyant Bakari debout, tout haletant. Il avait repris connaissance dans le tunnel et dans l'affolement général avait pris ses jambes à son coup, oubliant que vilain hématome qu'il avait gagné sur le champ de bataille. Sacré Bakari !
Quelques heures plus tard, une aube blafarde éclairait la grotte à travers une fissure dans la voute. La faible lumière descendait sur un coin de la grotte que nous n'avions pas observé avec assez d'attention : d'incroyables fresques en couvraient les parois. L'admiration le disputait à la surprise.
Un cri retentit ! Nos éclaireurs étaient partis explorer un second tunnel et venaient de revenir. Ils avaient trouvé une sortie !
HL
24 octobre 1884
L’escalade des falaises conduisant aux Hauts-Plateaux était lointain dernière nous mais malgré les efforts qu’il fallut déployer pour en venir à bout, elle restait un souvenir lumineux par rapport à notre errance actuelle. Depuis des jours nous avancions la brume fétide qui empoisonnait leur sommet. Des marais devaient être proches, mais n’avions pas encore réussit à les trouver. Je suivais les indications laissées par Ottonello et commençait à douter de la santé mentale de ce vieux fou présomptueux. Jusqu’à ce que les signes apparaissent : dans les dernières lueurs blafardes d’une journée épuisante, la forêt de tronc fossilisés était là, devant nous. Nous approchions enfin de la Porte. Un regain d’énergie parcourut la colonne et plusieurs étaient d’avis de continuer notre route, signe néfaste trahissant l’épuisement d’une grande partie de nos hommes. Je leur interdis cette imprudence et le camp fut dressé. Car depuis quelques jours, je sentais une présence hostile autour de nous : nous n’étions plus seuls. Un Pouvoir inconnu allait de nouveau se dresser devant nous.
Après une nuit sans repos, nous reprîmes la route vers le cœur de la forêt pétrifiée.
Le terrain descendait et la brume devenait à chaque pas plus dense. La lumière semblait peiner à percer cette atmosphère lourde et oppressante. Quels sombres mystères étaient cachés en son sein ?
J’avais dépêché en avant le groupe de soldat. Leur indéfectible courage les désignait pour mener l’exploration de ce lieu abandonné des Hommes. Ils ne tardèrent pas à repérer à travers la brume sale et collante le premier des signes décrits par Ottonello: la Porte était entourés de groupes de pieu qui portaient des marques. Ces marqueurs indiquaient l'emplacement de la Porte. Il fallait donc trouver ces pieux pour trouver la Porte. Et nous avions trouvé les premiers d'entre eux.
Une halte et le reste de la colonne se déployait autour d’eux : j’avais ordonné d’avancer sans approcher ces sinistres enseignes, sentant que leur profanation allait irriter les Esprits des lieux et d’autres menaces inconnues.
La pestilence qui régnait semblait avoir sa source dans plusieurs mares putrides qui apparaissaient entre les arbres. Je conduisis mon groupe d’Askaris pour en contourner une sur notre flanc droit.
De nouveaux crânes grimaçant apparurent devant nous : Ottonello signalait dans ses notes que la Porte en était entourée… et sous la surveillance des Gardiens. Sur un signe, Le Liennec conduisait ses Supplétifs et le reste de la colonne en avant, droit au cœur de la forêt.
Comme décidé avec mes officiers, chaque groupe devait rester en vue du Drapeau et de fréquentes pauses dans notre progression nous permettait de contrer l’oppression qui nous étreignait.
La colonne progressait toujours plus en avant, chaque groupe prêt à soutenir ses voisins.
Alors que notre arrière garde allait dépasser les premiers pieux, les Novices exécutèrent la mission que je leur avais confiée : s’approcher et relever les marques qui s’y trouvaient.
Ce qu’ils découvrirent les submergea d’un vague de terreur : les Esprits manifestaient leur hostilité mais ne se découvraient pas encore.
Le Liennec et ses Supplétifs s’avançaient à leur tour pour examiner les marques sur le second groupe de pieux. Une nouvelle vague de terreur les submergea à leur tour.
Je me portais en pointe vers un troisième groupe de pieux. Les marques étaient claires et nous touchions au but.
Et c’est alors que je les vis : silhouettes indistinctes jaillissant de la brume. Un premier groupe apparut brièvement sur un escarpement rocheux, mais quelque chose dut les arrêter : le groupe sembla même prendre la fuite.
Puis, un groupe de guerriers apparût tout prêt: des guerriers fonçait vers nous : nous étions attaqués !
La bataille pour la Porte venait de commencer...
Ce premier choc fut rude et les Esprits nous furent favorables: les guerriers étaient repoussés et laissaient derrière eux deux des leurs.
Le groupe repoussé était juste à notre portée de tir: cette satanée limitait terriblement nos ligne de vue. Mais, là, nous les tenions !
Une salve de mousquets bien ajustée envoyait deux autres guerriers au tapis et clouait les survivants.
Aux Supplétifs d'intervenir !
Le Guennec vit l'occasion et après une salve qui coucha un guerrier de plus, se précipita avec son groupe sur nos agresseurs.
Le dernier guerrier avait une apparence terrifiante mais l'attaque ne lui laissa aucune chance: il fut impitoyablement pourfendu.
A peine avions nous éliminé ce groupe que de menaçantes silhouettes apparaissaient à l'arrière de la colonne: nous risquions d'être débordés.
En face de moi, les silhouettes reprenaient l'ascension du de l'escarpement rocheux et se révélaient être des archers accompagnés d'un tambour de guerre !
Les voyants se mettre en position pour nous décocher une salve, j'ordonnais à mes Askaris de resserrer les rangs derrière moi...
A mon grand effarement, des flèches vinrent nous encadrer: les sauvages ne semblaient pas être gênés par la brume !
En tout hâte, je commandais un repli derrière un fourré qui nous dissimula à la vue de nous agresseurs. En faisant mouvement, j'aperçu un nouveau groupe de pieux.
Les archers avaient une vue dégagée sur ces pieux et il allait bien falloir y aller: l'affaire serait chaude !
A l'opposé du champ de bataille, nos novices se mettaient en marche pour atteindre un autre groupe de pieux.
Avec sur leurs talons, le groupe de guerriers qui tentaient de nous déborder...
Voyant nos lignes s'étirer, ce dernier modifia sa course pour venir directement menacer notre centre.
Sentant poindre la menace, Le Guénnec regroupait ses Supplétifs avec nos éclaireurs. Le Drapeau flottait mollement dans l'air lourd, mais les 3 couleurs étaient bien visibles de nos groupes et ranimaient les coeurs !
A l'horizon, un soleil blafard couronnait déjà le plateau: la journée était bien avancée, il ne fallait plus perdre de temps. J'emmenai avec moi les Askaris pour découvrir le groupe de pieux à proximité.
Nous étions nus face aux archers !
Un grondement sauvage retentit alors: le tambours de guerre rentrait en action. Les archers parurent galvanisés. a l'opposé de nos Novices qui commencèrent à marquer le pas: le dernier groupe de pieux était face à eux, mais leur foulée se fit soudainement plus lourde...
Lorsque le tambour se tût, nous entendîmes le sifflement aigu s'approcher de nous: la plupart se figèrent sur le sol, mais l'une trouva sa cible. Un cri retentit, un corps s'abattit ! Qui était touché ?
Bakari, le courageux porteur qui avait succédé à Yepo, était au sol.
Les derniers rayons de soleil éclairaient le traits déformés du malheureux. Mais dans ses yeux brillait un ardent désir de vivre. Nous ramassâmes son corps : non Bakari ! tu n'es pas été abandonné au triste sort qui t'attendait !
Et dans les yeux des Novices brillait la même flamme ! Un rayon de lumière vint toucher de Drapeau tricolore et leur coeur simple y vit un prodige: reprenant courage, il étaient prêt à un ultime effort.
Enfin, le dernier groupe de pieux était découvert: nous avions la clé pour ouvrir la porte... mais arriverions nous à la franchir à temps ?
Nos ennemis dans le dos, tous les groupes se précipitèrent pour franchir la Porte qui était apparue devant nous...
Les éclaireurs ouvrirent la voie. suivis par Le Guennec et les Supplétifs. Les Soldats et les Novices s'offraient pour couvrir notre retraite. Je franchis avec les Askari et le malheureux Bakari la Porte.
et les derniers rayons de soleil mourraient sur la crête du plateau: la voie serait bientôt close !
Le temps semblait comme suspendu: les Esprits étaient avec nous. La brume prenaient des couleurs sang comme le groupe de guerrier s'apprêtait à fondre sur les soldats en arrière-garde !
Les Soldats ouvrirent calmement le feu à bout portant sur la vague hurlante qui fondait sur eux. Leur tir fut efficace: le groupe dût se jeter à terre et sembla un instant incapable de se relever.
Mais les guerriers étaient menés par un grand Chef: il parvînt à ranimer le courage de ses hommes. Ils furent en un instant sur leurs pieds et leur soif de carnage était terrible. Leur assaut était imminant.
Et alors que les archers descendaient de l'escarpement et venaient se porter sur l'arrière de nos vaillants camarades...
... le groupe de guerriers se lançait à l'assaut et nos groupes s'élançaient vers la Porte simultanément.
Heureusement, l'initiative fut notre: nos groupes passaient la Porte et l'assaut s'achevait dans le vide !
Les groupes s'enfoncèrent à toute allure dans un long tunnel pour rejoindre le reste de la colonne qui avaient commencé à allumer quelques torches: les hurlements de frustration des sauvages diminuèrent rapidement pour s'éteindre. Ils ne franchissaient pas la Porte pour nous poursuivre. Nous étions sauvés ! Mais pour combien de temps...
Ayant perdu toute notion du temps, nous continuâmes notre course éperdue à travers les ténèbres durant ce qui nous paru être une éternité. Le sol descendait rapidement et tout à coup s'ouvrit devant nous une immense grotte. Le temps était venu de faire une pause. Tout le monde rit beaucoup en voyant Bakari debout, tout haletant. Il avait repris connaissance dans le tunnel et dans l'affolement général avait pris ses jambes à son coup, oubliant que vilain hématome qu'il avait gagné sur le champ de bataille. Sacré Bakari !
Quelques heures plus tard, une aube blafarde éclairait la grotte à travers une fissure dans la voute. La faible lumière descendait sur un coin de la grotte que nous n'avions pas observé avec assez d'attention : d'incroyables fresques en couvraient les parois. L'admiration le disputait à la surprise.
Un cri retentit ! Nos éclaireurs étaient partis explorer un second tunnel et venaient de revenir. Ils avaient trouvé une sortie !
HL
24 octobre 1884
Jean-Michel II- Messages : 954
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Les Marais Maudits
Journal de bord de l’expédition Lelagadec : 315ème jour après notre débarquement à Boma.
Enlisés jusqu'au cou !
Lorsque nous étions sortis de la grotte pour déboucher devant une immense plaine marécageuse, je pensais que quelques jours suffiraient pour atteindre l'autre berge. Une barrière verte apparaissait à l'horizon, à la travers le brouillard. Comme la colonne s'élançait en avant, j'en profitai pour passer la passer en revue. Les traits de mes compagnons étaient tendus, fatigués par les dures journées que nous venions de vivre, mais dans leur yeux brillait une volonté inflexible. L'Amicale en particulier avait collecté une quantité impressionnante d'échantillon durant notre trajet et affichait un enthousiasme communicatif.
Nous avions jusqu'à présent préservé l'essentiel et pouvions poursuivre nos route avec confiance: ces marais ne semblaient pas représenter un bien grand péril.
Nos réserves de nourritures étaient satisfaisantes. En plus de nos groupes de combattants, nous contions dans nos rangs de nombreux serviteurs indigènes qui nous avaient rejoint au cours du voyage. J'avais rapidement abandonnée toute idée d'en dresser l'effectif: au fil des journées, certains nous avaient rejoints, d'autres avaient disparus.
J'avais désigné Mangbama pour s'occuper d'eux et il s'acquittait bien de sa tâche. Je prenais plaisir le soir à discuter avec lui et il s'avéra une mine précieuses d'informations sur les coutumes des tribus et le climat des régions que nous traversions.
La foule de serviteurs n'avait jamais entravé notre progression. Le peu de ressources qu'il me fallait prélever sur nos réserves pour eux était largement compensé par les services qu'ils nous rendaient. Ma seule appréhension portait sur le sentiment d'oppression qui de nouveau nous accompagnait dans notre progression: le Pouvoir qui entravait notre progression semblait s'être renforcé depuis notre rencontre avec les Gardiens. Alors que nous cherchions un passage à travers ces immenses marais, plusieurs signes trahirent la présence d'autochtones: les habitants des lieux restaient invisibles et nous épiais.
Depuis plusieurs jours épuisants, nous avions tournions en rond à la recherche de ce passage. A chaque nouvelle tentative, nous buttions sur des zones inondées qui bloquaient notre progression et nous forçaient à faire de nombreux détours. Parfois , nous retrouvions sur notre chemin des traces de nos anciens campements.
Un soir, Mangbama vînt me trouver: plusieurs serviteurs manquaient à l'appel. Leur disparition nocturne au milieu de cette désolation était anormale: que pouvait-il bien leur être arriver ? Nous en eûmes une idée peu de temps après. Comme la colonne avait enfin trouvé une route qui nous conduisait au coeur des marais, là où la plaine était moins inondée, nous trouvâmes les traces d'un campement indigène. Les braises du feu étaient encore chaudes. Et parmi elles se trouvaient des ossements humains. Depuis ce jour, je veillais à ce que la colonne avance sans laisser d'intervalle entre ses groupes et, la nuit, je doublais les sentinelles.
L'horizon vert s'était transformé en une large bande de végétation luxuriante et nous touchions enfin au but. Comme souvent, ce fut lorsque nous nous sentions sauvés d'un péril, qu'un péril plus grand encore fondit sur nous.
Notre campement était établi pour la nuit sur un îlot au milieu des marais. Une lune blafarde semblait suspendue dans le ciel. Sa lumière éclairait faiblement les alentours. Suffisamment pour que nos guetteurs aient aperçu un mouvement à proximité du camp. Les consignes étaient strictes: au moindre signes suspects, l'officier de service devait être alerté. Le Guennec était de quart: il jugea bon de me faire réveiller et je confirmais l'ordre d'alerte. Nous groupes étaient rapidement prêts à parer à toute menace et je me félicitais d'avoir pris la précaution de faire empiler nos caisses sur un côté du camp et de faire regrouper nos serviteurs au centre du camp.
Plutôt que d'attendre dans l'angoisse nos visiteurs, je commandais une patrouille sur l'ensemble du périmètre. Quels abominables secrets allions-nous découvertes par cette nuit spectrale ?
Les Soldats étaient les premiers à partir devant eux le terrain était dégagé. Le groupe s'enfonçant à mi-jambe dans les marais était lent à progresser mais ne tarderait pas à atteindre son objectif.
Les Eclaireurs et les Novices s'élançaient à leur tour, dans un terrain couvert d'herbes hautes. Une masse de plantes aquatiques s'élevait un peu plus loin devant eux et devrait être exploré.
Le Guennec et ses Supplétifs se tenaient en retrait, prêts à intervenir si nos compagnons se trouvaient en difficulté.
Les Soldats s'enfonçaient dans la nuit et perdirent de vue le campement. Ils atteignaient leur objectif: rien à signaler.
Puis ce fut au tour des Eclaireurs. Un épais silence recouvrait les marais. Notre excessive nervosité aurait-elle entraîné une fausse alerte ?
Les Novices explorèrent leur secteur sans rien trouver d'alarmant et, voyant Le Guennec s'avancer derrière eux, poussèrent jusqu'à la végétation et découvrir un fétiche. Les Esprits furent bienveillants et ils purent s'en emparer sans dommage.
C'est alors que nos pires craintes furent confirmées : les Soldats aperçurent des silhouettes en trains de se faufiler dans le marais vers notre camp.
Alors que je tenais mes Askaris en réserve derrière le mur de caisses, je perçu à l'extrême limite de notre champ de vision une masse compacte de silhouettes en approche rapide: les marais ne semblaient point ralentir leur progression.
Les Soldats poursuivaient leur patrouille, et sans se douter de rien s'approchaient dangereusement d'eux !
Je me dépêchais d'envoyer un messager prévenir Le Guennec : son groupe devait faire demi-tour et se préparer à soutenir les soldats.
Ce faisant, je condamnais les Eclaireurs et les Novices à opérer seuls hors de vue du campement: heureusement, leur entraînement était accompli et ils poursuivirent leur progression, prêts à s'épauler au moindre danger.
La situation fut plus d'une fois critique tant nos adversaires et nous manifestions un égal empressement à réaliser nos plans.
A défaut d'Anglais, ce furent les indigènes qui tirèrent les premiers. Leur tir fut inefficace et leurs flèches encadrèrent les Soldats. Ces derniers et les Supplétifs répliquèrent et leur feu fut d'une toute autre efficacité.
Sentant les assaillants hésiter, les Soldats chargèrent le premier groupe: le premier sang était versé et ce ne fut pas le notre.
Beaucoup d'autre allait être versé durant cette longue et terrible nuit !
Pour l'instant, la situation était sous contrôle: le campement était sécurisé et les premiers groupes adverses étaient à notre merci.
Et nous ne fîmes pas de quartier: deux salves supplémentaires et les deux groupes étaient dispersés. Un dernier survivant trouva son salut dans la fuite : le poursuivre dans les ténèbres aurait été par trop risque. Nous n'avions aucune idée du nombre de nos adversaires. Nous savions uniquement qu'ils venaient à nous et pouvaient approcher de tous les côtés.
Le campement était sécurisé, mais pour combien de temps ? La masse de guerriers en approche s'était scindée en deux groupe: le premier approchait rapidement du mur, le second disparut dans les fourrés. Un tumulte s'en échappa quelques instants après: la nuit était sombre et pleine de terreurs.
Plus d'une fois ce combat sembla basculer en faveur de l'un ou l'autre camp : nous manoeuvrions pour chercher le point faible de notre adversaire et l'initiative était constamment disputée.
Enfin, le premier groupes de cannibales arrivait à distance de charge du mur : des faces hideuses nous dévisageaient avec rictus de démons affamés. Heureusement, le second groupe sortait à peine des fourrés et leur assaut viendrait certainement lorsqu'ils se seraient regroupés...
Mais ces sauvages, faisant fi de toute logique, se lancèrent impétueusement contre nous.
Leur assaut ne fut pas poussé à fond et nous parvenions à les repousser sans peine: ils prirent la fuite en laissant derrière eux l'un des leurs. Ce fut comme s'ils étaient venus pour reconnaître nos forces...
Comme ils refluaient, une salve de mousquets les coucha à terre.
Nous profitions de leur immobilité pour recharger nos armes et purent leur envoyé une nouvelle volée : un corps s'abattit lourdement dans la nuit ! Un de moins !
C'est à ce moment qu'un nouveau groupe apparu : une imposante silhouette était à sa tête. Ils suivait les archers et arrivait trop tard pour les soutenir. Il sembla hésiter devant l'efficacité de notre défense.
Sous la menace des soldats et des Supplétifs...
... il jugea plus prudent de se glisser dans l'obscurité, à la limite de notre champ visuel, et se mit à couvert, attendant l'arrivée de nouveaux groupes de guerriers.
Les Soldats réagirent à ce mouvement de repli en reprenant leur patrouille. Les Supplétifs se déplacèrent pour les couvrir et se rapprochèrent du campement où leur présence serait la plus utile.
Car face au mur, les cannibales semblèrent transportés par l'apparition de leur chef sur le champ de bataille : le premier groupe se redressa pour reprendre le combat...
... prêt à soutenir l'attaque du second groupe qui avait fini par prendre position face au mur.
Une nouvelle fois, la manoeuvre des sauvages nous prit de court : ce fut le groupe le plus faible qui attaqua le mur !
Il donna cette fois à fond : sans doute avait-il repéré un point faible lors de sa précédente attaque. Une pluie de coups s'abattit sur nous comme nous tentions vainement de les repoussé. un cri et un corps s'abattait parmi nous. Non ! Pas Bakari ! Ce dernier venait de recevoir un méchant coup de sagaie et s'effondrait sur le sol en se tordant de douleur. Mes askaris commençaient à flancher et je jugeais plus prudent de lâcher pieds en reculant pas à pas vers le centre du campement où se seraient la foule de nos serviteurs. Ces derniers assistaient impuissant à l'effondrement de notre ligne de défense.
Car, pire que la perte du mur, le second groupe de cannibales profitait de notre défaite pour faire irruption dans le campement !
Tous les groupes à portée de vue de ce revers parurent ébranlés par la fureur de nos adversaires : la situation était critique.
Voyant cela, les Soldats firent mouvement pour prendre les sauvages à revers. Une fusillade intense retentit comme nous tâchions de contrer l'invasion du campement. Peine perdu : si l'un des leurs s'écroula, leur haine abyssale, ou leur appétit dément, redoubla d'intensité.
J'eu à peine le temps de former avec mes Askaris un cordon devant nos serviteurs que les sauvages se jetaient sur nous : leur rage était telle que nous fûmes de nouveau repoussés. L'un des nôtre fut de nouveau abattu et mes compagnons, durement éprouvés, étaient incapable de contre-attaquer.
Pour la première fois nous entendîmes le son de leur voix comme un hurlement démonique s'élevait au coeur du campement et que les hurlements de terreurs de nos malheureux serviteurs lui répondaient.
L'horreur de la scène ébranla tous les défenseurs du campement, y compris les Soldats qui parurent un instant déconcertés !
Mais des renforts accourraient : les Supplétifs lâchaient une nouvelle salve à bout portant et un sauvage était foudroyé !
Les Novices se jetaient dans ce chaos et réussirent enfin à reprendre le contrôle du centre du campement : le dernier sauvage, voyant ses compagnons abattus, prit enfin la fuite.
Cette splendide contre-attaque nous rendait le contrôle du campement: tous les cannibales qui y avaient fait irruption avaient été battus, leurs corps unis dans une étreinte sanglante avec nos propres pertes.
Au bord du campement ne restait que le premier groupe de guerriers qui, voyant nos renforts accourir, se détourna pour attaquer le plus faible de nos groupe : les Eclaireurs !
L'un des Eclaireurs fit face aux guerriers, permettant à ses frères de prendre la fuite. Il fut abattu sans quartier. Tous nos groupes reprenaient leur souffle après ce rude assaut et aucun n'était plus capable de contre-attaquer pour repousser les attaquants. A bout de ressources, les Novices et les Eclaireurs lancèrent leurs sagaies. L'initiative fut heureuse car elle força les guerriers à se jeter au sol, et coupa leur élan.
Alors que la bataille semblait se calmer, de nouveaux groupes apparaissaient : des archers s'infiltraient dans notre dos. Nos dernières protections étaient les terreurs de la nuit, qui parvinrent à ralentir leur poussée en avant...
Mais pas à la bloquer: les abords du campement étaient maintenant à leur portée...
Toute cette folie meurtrière ne s'arrêtera donc jamais : les cannibales que nous croyons avoir neutralisés pour quelque temps se relevait déjà et dans une rage inextinguible repartait à l'assaut du campement !
Mais cette fois-ci les Supplétifs veillaient et la menace qu'ils avaient si longtemps fait peser sur nous trouva une fin sanglante.
L'espace d'un instant, voyant une faible lueur se lever à l'Est, nous crassâmes le vain espoir de voir cette attaque démente s'interrompre. Le claquement sec des culasses des fusils des Soldats brisa cet espoir: nous étions encerclés de nouvelles silhouettes qui se ruaient vers nous !
Leur course folle dans la nuit et le tir précis des soldats nous firent gagner un peu de temps...
Le Roi cannibale rodait autour du campement, encourageant ses guerriers à renouveler leurs attaques...
Des masses compactes s'avançaient tout autour de nous...
Les armes étaient chauffée à blanc mais nos tirs étaient encore suffisamment précis pour tenir à distances ces enragés !
Lorsque leurs groupes s'infiltraient à distance de tir, nous gardions l'initiative...
... et les accueillons par un feu nourri qui neutralisait leur attaque.
Leur ardeur ne faillit pas de toute la nuit.
Sans cesse, ils se relevaient et reprenaient le combat.
Nous eûmes à repousser de nouveaux assauts.
Jamais ils ne s'avouèrent vaincus : lorsque l'un de leurs groupes était défait, les survivants rejoignaient de nouveaux groupes et repartaient à l'attaque.
Les flèches continuaient à s'abattre dans le campement, nous forçant à nous jeter à terre. Nous leur répondions en déclenchant des feu de salve qui fauchaient la végétation. Nous étions autant exténués qu'eux. Et cette nuit qui n'en finissait pas...
Leurs corps foudroyés jonchaient notre périmètre défensif et leurs forces commencèrent à leur faire défaut jusque dans leurs fuites...
La fin des combats était proche : leurs groupes disparaissaient les uns après les autres et n'étaient pas remplacés.
Tous avaient les yeux rivés sur l'horizon qui s'illuminait progressivement : avec l'aube, le cauchemars s'interromprait peut-être... Nous nous raccrochions à ce faible espoir.
De nouveaux groupes se jetaient dans la bataille, mais leur nombre décroissait inexorablement.
Le Roi assistait au massacre de son peuple et enfin fit cesser l'attaque.
Une dernière salve et un dernier cannibale était abattu. L'aube se levait enfin et les silhouettes menaçantes qui nous encerclait s'évanouirent lentement, comme dans un rêve...
Avec elle, une vision d'horreur s'offrit à nous : le campement était entouré de cadavres parfois empilés sur plusieurs couches. Pendant que nous portions secours à nos propres blessés, les soldats sortirent de nos lignes pour achever les blessés adverses. Ils étaient tous gravement atteints et accueillirent la mort avec le même courage qu'ils avaient montré durant le combat.
Malgré l'épuisement général, il était hors de question de rester plus longtemps en ce lieu maudit et ce fut une colonne accablée de fatigue qui reprit sa marche vers la lisière de la forêt, qui était toute proche. Le marais était silencieux comme un tombeau et la joie qui aurait due être la notre, en posant enfin le pied sur la terre ferme, n'était qu'un lourd accablement devant les terreurs auxquelles nous avions dû faire face et celles qui se dresseraient encore devant nous.
11 novembre 1884
HL
Enlisés jusqu'au cou !
Lorsque nous étions sortis de la grotte pour déboucher devant une immense plaine marécageuse, je pensais que quelques jours suffiraient pour atteindre l'autre berge. Une barrière verte apparaissait à l'horizon, à la travers le brouillard. Comme la colonne s'élançait en avant, j'en profitai pour passer la passer en revue. Les traits de mes compagnons étaient tendus, fatigués par les dures journées que nous venions de vivre, mais dans leur yeux brillait une volonté inflexible. L'Amicale en particulier avait collecté une quantité impressionnante d'échantillon durant notre trajet et affichait un enthousiasme communicatif.
Nous avions jusqu'à présent préservé l'essentiel et pouvions poursuivre nos route avec confiance: ces marais ne semblaient pas représenter un bien grand péril.
Nos réserves de nourritures étaient satisfaisantes. En plus de nos groupes de combattants, nous contions dans nos rangs de nombreux serviteurs indigènes qui nous avaient rejoint au cours du voyage. J'avais rapidement abandonnée toute idée d'en dresser l'effectif: au fil des journées, certains nous avaient rejoints, d'autres avaient disparus.
J'avais désigné Mangbama pour s'occuper d'eux et il s'acquittait bien de sa tâche. Je prenais plaisir le soir à discuter avec lui et il s'avéra une mine précieuses d'informations sur les coutumes des tribus et le climat des régions que nous traversions.
La foule de serviteurs n'avait jamais entravé notre progression. Le peu de ressources qu'il me fallait prélever sur nos réserves pour eux était largement compensé par les services qu'ils nous rendaient. Ma seule appréhension portait sur le sentiment d'oppression qui de nouveau nous accompagnait dans notre progression: le Pouvoir qui entravait notre progression semblait s'être renforcé depuis notre rencontre avec les Gardiens. Alors que nous cherchions un passage à travers ces immenses marais, plusieurs signes trahirent la présence d'autochtones: les habitants des lieux restaient invisibles et nous épiais.
Depuis plusieurs jours épuisants, nous avions tournions en rond à la recherche de ce passage. A chaque nouvelle tentative, nous buttions sur des zones inondées qui bloquaient notre progression et nous forçaient à faire de nombreux détours. Parfois , nous retrouvions sur notre chemin des traces de nos anciens campements.
Un soir, Mangbama vînt me trouver: plusieurs serviteurs manquaient à l'appel. Leur disparition nocturne au milieu de cette désolation était anormale: que pouvait-il bien leur être arriver ? Nous en eûmes une idée peu de temps après. Comme la colonne avait enfin trouvé une route qui nous conduisait au coeur des marais, là où la plaine était moins inondée, nous trouvâmes les traces d'un campement indigène. Les braises du feu étaient encore chaudes. Et parmi elles se trouvaient des ossements humains. Depuis ce jour, je veillais à ce que la colonne avance sans laisser d'intervalle entre ses groupes et, la nuit, je doublais les sentinelles.
L'horizon vert s'était transformé en une large bande de végétation luxuriante et nous touchions enfin au but. Comme souvent, ce fut lorsque nous nous sentions sauvés d'un péril, qu'un péril plus grand encore fondit sur nous.
Notre campement était établi pour la nuit sur un îlot au milieu des marais. Une lune blafarde semblait suspendue dans le ciel. Sa lumière éclairait faiblement les alentours. Suffisamment pour que nos guetteurs aient aperçu un mouvement à proximité du camp. Les consignes étaient strictes: au moindre signes suspects, l'officier de service devait être alerté. Le Guennec était de quart: il jugea bon de me faire réveiller et je confirmais l'ordre d'alerte. Nous groupes étaient rapidement prêts à parer à toute menace et je me félicitais d'avoir pris la précaution de faire empiler nos caisses sur un côté du camp et de faire regrouper nos serviteurs au centre du camp.
Plutôt que d'attendre dans l'angoisse nos visiteurs, je commandais une patrouille sur l'ensemble du périmètre. Quels abominables secrets allions-nous découvertes par cette nuit spectrale ?
Les Soldats étaient les premiers à partir devant eux le terrain était dégagé. Le groupe s'enfonçant à mi-jambe dans les marais était lent à progresser mais ne tarderait pas à atteindre son objectif.
Les Eclaireurs et les Novices s'élançaient à leur tour, dans un terrain couvert d'herbes hautes. Une masse de plantes aquatiques s'élevait un peu plus loin devant eux et devrait être exploré.
Le Guennec et ses Supplétifs se tenaient en retrait, prêts à intervenir si nos compagnons se trouvaient en difficulté.
Les Soldats s'enfonçaient dans la nuit et perdirent de vue le campement. Ils atteignaient leur objectif: rien à signaler.
Puis ce fut au tour des Eclaireurs. Un épais silence recouvrait les marais. Notre excessive nervosité aurait-elle entraîné une fausse alerte ?
Les Novices explorèrent leur secteur sans rien trouver d'alarmant et, voyant Le Guennec s'avancer derrière eux, poussèrent jusqu'à la végétation et découvrir un fétiche. Les Esprits furent bienveillants et ils purent s'en emparer sans dommage.
C'est alors que nos pires craintes furent confirmées : les Soldats aperçurent des silhouettes en trains de se faufiler dans le marais vers notre camp.
Alors que je tenais mes Askaris en réserve derrière le mur de caisses, je perçu à l'extrême limite de notre champ de vision une masse compacte de silhouettes en approche rapide: les marais ne semblaient point ralentir leur progression.
Les Soldats poursuivaient leur patrouille, et sans se douter de rien s'approchaient dangereusement d'eux !
Je me dépêchais d'envoyer un messager prévenir Le Guennec : son groupe devait faire demi-tour et se préparer à soutenir les soldats.
Ce faisant, je condamnais les Eclaireurs et les Novices à opérer seuls hors de vue du campement: heureusement, leur entraînement était accompli et ils poursuivirent leur progression, prêts à s'épauler au moindre danger.
La situation fut plus d'une fois critique tant nos adversaires et nous manifestions un égal empressement à réaliser nos plans.
A défaut d'Anglais, ce furent les indigènes qui tirèrent les premiers. Leur tir fut inefficace et leurs flèches encadrèrent les Soldats. Ces derniers et les Supplétifs répliquèrent et leur feu fut d'une toute autre efficacité.
Sentant les assaillants hésiter, les Soldats chargèrent le premier groupe: le premier sang était versé et ce ne fut pas le notre.
Beaucoup d'autre allait être versé durant cette longue et terrible nuit !
Pour l'instant, la situation était sous contrôle: le campement était sécurisé et les premiers groupes adverses étaient à notre merci.
Et nous ne fîmes pas de quartier: deux salves supplémentaires et les deux groupes étaient dispersés. Un dernier survivant trouva son salut dans la fuite : le poursuivre dans les ténèbres aurait été par trop risque. Nous n'avions aucune idée du nombre de nos adversaires. Nous savions uniquement qu'ils venaient à nous et pouvaient approcher de tous les côtés.
Le campement était sécurisé, mais pour combien de temps ? La masse de guerriers en approche s'était scindée en deux groupe: le premier approchait rapidement du mur, le second disparut dans les fourrés. Un tumulte s'en échappa quelques instants après: la nuit était sombre et pleine de terreurs.
Plus d'une fois ce combat sembla basculer en faveur de l'un ou l'autre camp : nous manoeuvrions pour chercher le point faible de notre adversaire et l'initiative était constamment disputée.
Enfin, le premier groupes de cannibales arrivait à distance de charge du mur : des faces hideuses nous dévisageaient avec rictus de démons affamés. Heureusement, le second groupe sortait à peine des fourrés et leur assaut viendrait certainement lorsqu'ils se seraient regroupés...
Mais ces sauvages, faisant fi de toute logique, se lancèrent impétueusement contre nous.
Leur assaut ne fut pas poussé à fond et nous parvenions à les repousser sans peine: ils prirent la fuite en laissant derrière eux l'un des leurs. Ce fut comme s'ils étaient venus pour reconnaître nos forces...
Comme ils refluaient, une salve de mousquets les coucha à terre.
Nous profitions de leur immobilité pour recharger nos armes et purent leur envoyé une nouvelle volée : un corps s'abattit lourdement dans la nuit ! Un de moins !
C'est à ce moment qu'un nouveau groupe apparu : une imposante silhouette était à sa tête. Ils suivait les archers et arrivait trop tard pour les soutenir. Il sembla hésiter devant l'efficacité de notre défense.
Sous la menace des soldats et des Supplétifs...
... il jugea plus prudent de se glisser dans l'obscurité, à la limite de notre champ visuel, et se mit à couvert, attendant l'arrivée de nouveaux groupes de guerriers.
Les Soldats réagirent à ce mouvement de repli en reprenant leur patrouille. Les Supplétifs se déplacèrent pour les couvrir et se rapprochèrent du campement où leur présence serait la plus utile.
Car face au mur, les cannibales semblèrent transportés par l'apparition de leur chef sur le champ de bataille : le premier groupe se redressa pour reprendre le combat...
... prêt à soutenir l'attaque du second groupe qui avait fini par prendre position face au mur.
Une nouvelle fois, la manoeuvre des sauvages nous prit de court : ce fut le groupe le plus faible qui attaqua le mur !
Il donna cette fois à fond : sans doute avait-il repéré un point faible lors de sa précédente attaque. Une pluie de coups s'abattit sur nous comme nous tentions vainement de les repoussé. un cri et un corps s'abattait parmi nous. Non ! Pas Bakari ! Ce dernier venait de recevoir un méchant coup de sagaie et s'effondrait sur le sol en se tordant de douleur. Mes askaris commençaient à flancher et je jugeais plus prudent de lâcher pieds en reculant pas à pas vers le centre du campement où se seraient la foule de nos serviteurs. Ces derniers assistaient impuissant à l'effondrement de notre ligne de défense.
Car, pire que la perte du mur, le second groupe de cannibales profitait de notre défaite pour faire irruption dans le campement !
Tous les groupes à portée de vue de ce revers parurent ébranlés par la fureur de nos adversaires : la situation était critique.
Voyant cela, les Soldats firent mouvement pour prendre les sauvages à revers. Une fusillade intense retentit comme nous tâchions de contrer l'invasion du campement. Peine perdu : si l'un des leurs s'écroula, leur haine abyssale, ou leur appétit dément, redoubla d'intensité.
J'eu à peine le temps de former avec mes Askaris un cordon devant nos serviteurs que les sauvages se jetaient sur nous : leur rage était telle que nous fûmes de nouveau repoussés. L'un des nôtre fut de nouveau abattu et mes compagnons, durement éprouvés, étaient incapable de contre-attaquer.
Pour la première fois nous entendîmes le son de leur voix comme un hurlement démonique s'élevait au coeur du campement et que les hurlements de terreurs de nos malheureux serviteurs lui répondaient.
L'horreur de la scène ébranla tous les défenseurs du campement, y compris les Soldats qui parurent un instant déconcertés !
Mais des renforts accourraient : les Supplétifs lâchaient une nouvelle salve à bout portant et un sauvage était foudroyé !
Les Novices se jetaient dans ce chaos et réussirent enfin à reprendre le contrôle du centre du campement : le dernier sauvage, voyant ses compagnons abattus, prit enfin la fuite.
Cette splendide contre-attaque nous rendait le contrôle du campement: tous les cannibales qui y avaient fait irruption avaient été battus, leurs corps unis dans une étreinte sanglante avec nos propres pertes.
Au bord du campement ne restait que le premier groupe de guerriers qui, voyant nos renforts accourir, se détourna pour attaquer le plus faible de nos groupe : les Eclaireurs !
L'un des Eclaireurs fit face aux guerriers, permettant à ses frères de prendre la fuite. Il fut abattu sans quartier. Tous nos groupes reprenaient leur souffle après ce rude assaut et aucun n'était plus capable de contre-attaquer pour repousser les attaquants. A bout de ressources, les Novices et les Eclaireurs lancèrent leurs sagaies. L'initiative fut heureuse car elle força les guerriers à se jeter au sol, et coupa leur élan.
Alors que la bataille semblait se calmer, de nouveaux groupes apparaissaient : des archers s'infiltraient dans notre dos. Nos dernières protections étaient les terreurs de la nuit, qui parvinrent à ralentir leur poussée en avant...
Mais pas à la bloquer: les abords du campement étaient maintenant à leur portée...
Toute cette folie meurtrière ne s'arrêtera donc jamais : les cannibales que nous croyons avoir neutralisés pour quelque temps se relevait déjà et dans une rage inextinguible repartait à l'assaut du campement !
Mais cette fois-ci les Supplétifs veillaient et la menace qu'ils avaient si longtemps fait peser sur nous trouva une fin sanglante.
L'espace d'un instant, voyant une faible lueur se lever à l'Est, nous crassâmes le vain espoir de voir cette attaque démente s'interrompre. Le claquement sec des culasses des fusils des Soldats brisa cet espoir: nous étions encerclés de nouvelles silhouettes qui se ruaient vers nous !
Leur course folle dans la nuit et le tir précis des soldats nous firent gagner un peu de temps...
Le Roi cannibale rodait autour du campement, encourageant ses guerriers à renouveler leurs attaques...
Des masses compactes s'avançaient tout autour de nous...
Les armes étaient chauffée à blanc mais nos tirs étaient encore suffisamment précis pour tenir à distances ces enragés !
Lorsque leurs groupes s'infiltraient à distance de tir, nous gardions l'initiative...
... et les accueillons par un feu nourri qui neutralisait leur attaque.
Leur ardeur ne faillit pas de toute la nuit.
Sans cesse, ils se relevaient et reprenaient le combat.
Nous eûmes à repousser de nouveaux assauts.
Jamais ils ne s'avouèrent vaincus : lorsque l'un de leurs groupes était défait, les survivants rejoignaient de nouveaux groupes et repartaient à l'attaque.
Les flèches continuaient à s'abattre dans le campement, nous forçant à nous jeter à terre. Nous leur répondions en déclenchant des feu de salve qui fauchaient la végétation. Nous étions autant exténués qu'eux. Et cette nuit qui n'en finissait pas...
Leurs corps foudroyés jonchaient notre périmètre défensif et leurs forces commencèrent à leur faire défaut jusque dans leurs fuites...
La fin des combats était proche : leurs groupes disparaissaient les uns après les autres et n'étaient pas remplacés.
Tous avaient les yeux rivés sur l'horizon qui s'illuminait progressivement : avec l'aube, le cauchemars s'interromprait peut-être... Nous nous raccrochions à ce faible espoir.
De nouveaux groupes se jetaient dans la bataille, mais leur nombre décroissait inexorablement.
Le Roi assistait au massacre de son peuple et enfin fit cesser l'attaque.
Une dernière salve et un dernier cannibale était abattu. L'aube se levait enfin et les silhouettes menaçantes qui nous encerclait s'évanouirent lentement, comme dans un rêve...
Avec elle, une vision d'horreur s'offrit à nous : le campement était entouré de cadavres parfois empilés sur plusieurs couches. Pendant que nous portions secours à nos propres blessés, les soldats sortirent de nos lignes pour achever les blessés adverses. Ils étaient tous gravement atteints et accueillirent la mort avec le même courage qu'ils avaient montré durant le combat.
Malgré l'épuisement général, il était hors de question de rester plus longtemps en ce lieu maudit et ce fut une colonne accablée de fatigue qui reprit sa marche vers la lisière de la forêt, qui était toute proche. Le marais était silencieux comme un tombeau et la joie qui aurait due être la notre, en posant enfin le pied sur la terre ferme, n'était qu'un lourd accablement devant les terreurs auxquelles nous avions dû faire face et celles qui se dresseraient encore devant nous.
11 novembre 1884
HL
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La Vallée Oubliée
Journal de bord de l’expédition Lelagadec : 327ème jour après notre débarquement à Boma.
Le soir nous enterrions en silence l'éclaireur Sanko qui n'avait pas survécu aux terribles blessures qu'il avait reçu.
Une fois encore, Bakari devait s'en tirer à bon compte et rester fidèle à sa réputation de solide gaillard: son impressionnante plaie ne s'infecta pas et donnait l'impression de devoir guérir. Malgrés ses larmes, je le renvoyais parmi les suivants de la colonne et le remplacé par un nouveau porteur, Kene.
Quant à Bokar l'Askari, sa blessure était superficielle et ils pouvait rejoindre son poste, un énorme bandage sur le sommet du crâne.
Le terrain était ferme, mais l'épuisement dans lequel nous étions rendait notre progression malaisée et lente: une jungle primaire nous faisait face et nous devions nous tailler une passage à travers elle. Je dus rappeler à l'ordre les membres de l'Amicale qui avaient tendance à s'éloigner pour ramasser des échantillons: la flore exubérante qui nous entourait dépassait en taille tout ce que j'avais pu observer depuis le début de notre voyage. Des insectes géants peuplaient toute cette végétation. Des cris d'animaux trahissaient seuls leur présence sans que nous ayant pu en apercevoir. Puis nous découvrîmes des sentiers dans la jungle: ils semblaient avoir été laissés par le passage de gros animaux.
Nous nous estimions chanceux lorsque nous en trouvions dans la direction que nous souhaitions suivre, tant ils nous permettaient d'avancer vite et d'économiser nos forces. Tous les matins, je contemplais les traits tirés de mes compagnons et devais renvoyer les plus épuisés à l'arrière de la colonne.
Nous suivions justement l'un de ces sentiers, par une aube limpide: une violente averse venait de laver la jungle et la végétation brillait d'un éclat nouveau. L'air, chargé d'odeurs mouillées, avait gardé la fraîcheur de la nuit et le soleil, à peine levé sur l'horizon, allongeait les ombres. Devant nous, l'épaisseur de la jungle débouchait sur un espace plus dégagé.
C'est d'un coeur léger que nous nous apprêtions à explorer les nouveaux secrets qui allaient croiser notre route.
Et pour cause, la pluie venait de libérer des spores qui embaumaient l'air mais présentaient des effets étranges sur nous: l'impression de fatigue se dissipa comme nos têtes se faisaient plus lourdes. Réfléchir nécessitait un gros effort de concentration: nous étions plongés dans une extrême confusion.
La marche de la colonne nécessitait toute mon attention, tant les groupes perdaient leurs repères. Les membres de l'Amicale qui prélevaient comme toujours des spécimens devaient être fréquemment attendus.
Je finis par prendre la tête pour entraîner derrière moi tout mon monde.
La piste était assez large pour que deux groupes progressent de front: les Supplétifs étaient sur ma gauche et furent les premiers à le voir. Une odeur de charnier nous tomba soudainement dessus. Le vrombissement de milliers d'insectes s'intensifia comme nous dépassions un épais fourré pour tomber sur la carcasse d'un animal gigantesque.
Aucun de nous n'avait déjà vu de créatures comparable. La bête présentait de nombreuses blessures, dont une béante comme si des mâchoires énormes lui avaient arraché le flanc.
Malgré tout l'intérêt de cette découverte, je décidais de presser le pas et aller de l'avant, là où l'épaisseur de jungle présentait un abri sûr: je ne souhaitais pas tomber nez-à-nez avec la créature qui était à l'origine de ces plaies. A supposer qu'elle ait un nez !
L'état de confusion dans lequel étaient mes compagnons était tel que mes ordres commençaient à être discutés. Comme les esprits allaient s'échauffant, un effroyable rugissement s'éleva de la jungle, d'un peu trop près à notre goût: il figea les traits et glaça les coeurs. Tous furent brutalement convaincus qu'il fallait avancer. La jungle plongeait dans un silence de mort qui ne présageait rien de bon.
Devant une telle motivation, la colonne retrouva son élan et commençait à prendre une allure satisfaisante lorsque la terre se mit à vibrer. Ces vibrations faisaient trembler jusqu'aux feuilles des arbres géants: nous recevions une pluie de goutes d'eau à intervalles réguliers. Rapidement, nous ressentions ces vibrations dans tout notre corps. Quelque chose d'énorme approchait !
Nous ressentions instinctivement la présence d'une monstruosité aux aguets.
Notre confusion se dissipa...
... et tous les groupes se jetaient à l'ombre des fourrés qui bordaient la piste.
Jusqu'aux membres de l'Amicale chez qui l'inconscience du danger le disputait avec ce sentiment de peur atavique nimbée d'incertitude.
Il était temps: une tête cauchemardesque apparut à quelques dizaines de mètres devant nous.
A travers les herbes hautes, nous pouvions apercevoir un oeil prédateur, cruel et rusé, balayer le sentier.
Cette énorme tête se balançait et sa respiration puissante témoignait des efforts pour localiser une odeur qui lui était inconnue.
Nous étions figés dans une profonde terreur.
Au bout d'un temps interminable, le monstre se remis en marche et traversa le sentier. Il disparut derrière la végétation, arrachant tout sur son passage. Les vibrations diminuèrent pour finalement disparaître: le danger était passé.
La vie de la jungle repris son cours. Qui peut savoir ce qui serait advenu si la créature avait aperçu l'un de nous ?
Nous avions complètement perdu la notion du temps et les premières ombres du crépuscule nous ramenèrent à la dangereuse réalité: il fallait presser le pas et sortir de cet enfer.
Les effets de la terreur se dissipaient trop rapidement et la confusion s'abattit de nouveau sur la colonne.
Il fallut pousser chacun en avant pour ne laisser personne derrière nous.
Les pas s'allongeaient comme les ombres s'étiraient.
Les groupes s'épaulaient pour presser le pas. Voyant l'Amicale s'approcher, je leur faisais rejoindre mes Askaris et les menaient vivement vers le salut.
Dans un ultime effort, alors la nuit refermait son étreinte sur nous, l'arrière de la colonne se jetait sur le sentier et replongeait à notre suite au plus profond de la jungle.
23 novembre 1884
HL
Le soir nous enterrions en silence l'éclaireur Sanko qui n'avait pas survécu aux terribles blessures qu'il avait reçu.
Une fois encore, Bakari devait s'en tirer à bon compte et rester fidèle à sa réputation de solide gaillard: son impressionnante plaie ne s'infecta pas et donnait l'impression de devoir guérir. Malgrés ses larmes, je le renvoyais parmi les suivants de la colonne et le remplacé par un nouveau porteur, Kene.
Quant à Bokar l'Askari, sa blessure était superficielle et ils pouvait rejoindre son poste, un énorme bandage sur le sommet du crâne.
Le terrain était ferme, mais l'épuisement dans lequel nous étions rendait notre progression malaisée et lente: une jungle primaire nous faisait face et nous devions nous tailler une passage à travers elle. Je dus rappeler à l'ordre les membres de l'Amicale qui avaient tendance à s'éloigner pour ramasser des échantillons: la flore exubérante qui nous entourait dépassait en taille tout ce que j'avais pu observer depuis le début de notre voyage. Des insectes géants peuplaient toute cette végétation. Des cris d'animaux trahissaient seuls leur présence sans que nous ayant pu en apercevoir. Puis nous découvrîmes des sentiers dans la jungle: ils semblaient avoir été laissés par le passage de gros animaux.
Nous nous estimions chanceux lorsque nous en trouvions dans la direction que nous souhaitions suivre, tant ils nous permettaient d'avancer vite et d'économiser nos forces. Tous les matins, je contemplais les traits tirés de mes compagnons et devais renvoyer les plus épuisés à l'arrière de la colonne.
Nous suivions justement l'un de ces sentiers, par une aube limpide: une violente averse venait de laver la jungle et la végétation brillait d'un éclat nouveau. L'air, chargé d'odeurs mouillées, avait gardé la fraîcheur de la nuit et le soleil, à peine levé sur l'horizon, allongeait les ombres. Devant nous, l'épaisseur de la jungle débouchait sur un espace plus dégagé.
C'est d'un coeur léger que nous nous apprêtions à explorer les nouveaux secrets qui allaient croiser notre route.
Et pour cause, la pluie venait de libérer des spores qui embaumaient l'air mais présentaient des effets étranges sur nous: l'impression de fatigue se dissipa comme nos têtes se faisaient plus lourdes. Réfléchir nécessitait un gros effort de concentration: nous étions plongés dans une extrême confusion.
La marche de la colonne nécessitait toute mon attention, tant les groupes perdaient leurs repères. Les membres de l'Amicale qui prélevaient comme toujours des spécimens devaient être fréquemment attendus.
Je finis par prendre la tête pour entraîner derrière moi tout mon monde.
La piste était assez large pour que deux groupes progressent de front: les Supplétifs étaient sur ma gauche et furent les premiers à le voir. Une odeur de charnier nous tomba soudainement dessus. Le vrombissement de milliers d'insectes s'intensifia comme nous dépassions un épais fourré pour tomber sur la carcasse d'un animal gigantesque.
Aucun de nous n'avait déjà vu de créatures comparable. La bête présentait de nombreuses blessures, dont une béante comme si des mâchoires énormes lui avaient arraché le flanc.
Malgré tout l'intérêt de cette découverte, je décidais de presser le pas et aller de l'avant, là où l'épaisseur de jungle présentait un abri sûr: je ne souhaitais pas tomber nez-à-nez avec la créature qui était à l'origine de ces plaies. A supposer qu'elle ait un nez !
L'état de confusion dans lequel étaient mes compagnons était tel que mes ordres commençaient à être discutés. Comme les esprits allaient s'échauffant, un effroyable rugissement s'éleva de la jungle, d'un peu trop près à notre goût: il figea les traits et glaça les coeurs. Tous furent brutalement convaincus qu'il fallait avancer. La jungle plongeait dans un silence de mort qui ne présageait rien de bon.
Devant une telle motivation, la colonne retrouva son élan et commençait à prendre une allure satisfaisante lorsque la terre se mit à vibrer. Ces vibrations faisaient trembler jusqu'aux feuilles des arbres géants: nous recevions une pluie de goutes d'eau à intervalles réguliers. Rapidement, nous ressentions ces vibrations dans tout notre corps. Quelque chose d'énorme approchait !
Nous ressentions instinctivement la présence d'une monstruosité aux aguets.
Notre confusion se dissipa...
... et tous les groupes se jetaient à l'ombre des fourrés qui bordaient la piste.
Jusqu'aux membres de l'Amicale chez qui l'inconscience du danger le disputait avec ce sentiment de peur atavique nimbée d'incertitude.
Il était temps: une tête cauchemardesque apparut à quelques dizaines de mètres devant nous.
A travers les herbes hautes, nous pouvions apercevoir un oeil prédateur, cruel et rusé, balayer le sentier.
Cette énorme tête se balançait et sa respiration puissante témoignait des efforts pour localiser une odeur qui lui était inconnue.
Nous étions figés dans une profonde terreur.
Au bout d'un temps interminable, le monstre se remis en marche et traversa le sentier. Il disparut derrière la végétation, arrachant tout sur son passage. Les vibrations diminuèrent pour finalement disparaître: le danger était passé.
La vie de la jungle repris son cours. Qui peut savoir ce qui serait advenu si la créature avait aperçu l'un de nous ?
Nous avions complètement perdu la notion du temps et les premières ombres du crépuscule nous ramenèrent à la dangereuse réalité: il fallait presser le pas et sortir de cet enfer.
Les effets de la terreur se dissipaient trop rapidement et la confusion s'abattit de nouveau sur la colonne.
Il fallut pousser chacun en avant pour ne laisser personne derrière nous.
Les pas s'allongeaient comme les ombres s'étiraient.
Les groupes s'épaulaient pour presser le pas. Voyant l'Amicale s'approcher, je leur faisais rejoindre mes Askaris et les menaient vivement vers le salut.
Dans un ultime effort, alors la nuit refermait son étreinte sur nous, l'arrière de la colonne se jetait sur le sentier et replongeait à notre suite au plus profond de la jungle.
23 novembre 1884
HL
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Piotr Szut aime ce message
Un dernier effort...
Journal de bord de l’expédition Lelagadec : 334ème jour après notre débarquement à Boma.
Après plusieurs journées et plusieurs nuits d'angoisse, ce fut avec soulagement que nous atteignîmes une barrière rocheuse. Haute d'une centaine de mètres, elle était percée de nombreuses et étroites ravines. J'engageais la colonne dans l'une d'entre elles: un cirque s'ouvrait plus loin et nous fournirait un meilleur abri que tous ceux que nous pourrions trouver dans la jungle. Nous établîmes notre campement: le lieu paraissait paisible et nous pûmes enfin reprendre des forces.
Une fois assurés de l'absence de nouveau danger immédiat, je dépêchai plusieurs groupes pour trouver une sortie et poursuivre nos périple. Tous sauf un revinrent l'air abattu: les passages qu'ils avaient explorés finissaient tous en cul-de-sac. L'angoisse se fit plus vive dans les jours qui suivirent: qu'était-il arrivé à nos compagnons ? Allions-nous devoir revenir sur nos pas ? Quelle terrible décision ce serait pour nous car je voyais bien qu'un échec pourrait signifier la dislocation de la colonne.
Enfin, un matin, le groupe réapparut. Ils avaient trouvé un passage et au-delà de ce passage, ils avaient trouvé quelque chose. Le bruit se répandit dans tout le campement et il aurait été bien inutile de donner l'ordre du départ: une effervescence de ruée vers l'or régnait parmi nous et je dus surtout réfréner les débordements d'enthousiasme. L'après-midi même nous étions en route: les éclaireurs nous conduisirent à travers une nouvelle ravine. Celle-ci filait droit vers l'Est.
Le surlendemain, alors que le jour touchait à sa fin, nous arrivions: une vallée s'ouvrait devant nous. Elle était couverte d’une jungle luxuriante et grouillante de vie. L’épaisseur de la jungle laissait cependant deviner un nombre impressionnant de ruines d’origine inconnues. Une grande civilisation devait avoir jadis occupé cette vallée.
Mais ce qui attira le plus notre attention était un grand lac qui s'étendait au centre de la vallée et au centre de ce lac s’élevait un immense édifice noir comme une nuit sans Lune.
Nous avions juste le temps de descendre dans la vallée et d'établir notre campement. Tout paraissait paisible. Dès le lendemain, nous espérions enfin commencer à explorer les édifices les plus proches. Alors que les premiers feux étaient allumés, je vis Mangbama s'approcher avec un groupe de silhouettes.
- Commandant, me dit-il, tu dois écouter ce que ces personnes ont à te dire !
Je me tournais, étonné, vers le groupe qui l'accompagnait.
- Vous avez toute mon attention, parlez !
Un silhouette s'avança alors et rejeta l'étoffe qui !dissimulait son visage, révélant une jeune femme très belle. Les bijoux qu'elle portait la désignaient comme étant de sang royal. Ce que confirmait la noblesse de ses traits et la dignité de leur expression.
- Des feux, Commandant ! Il te faut plus de feux ! Tout autour du campement.
30 novembre 1884
HL
Après plusieurs journées et plusieurs nuits d'angoisse, ce fut avec soulagement que nous atteignîmes une barrière rocheuse. Haute d'une centaine de mètres, elle était percée de nombreuses et étroites ravines. J'engageais la colonne dans l'une d'entre elles: un cirque s'ouvrait plus loin et nous fournirait un meilleur abri que tous ceux que nous pourrions trouver dans la jungle. Nous établîmes notre campement: le lieu paraissait paisible et nous pûmes enfin reprendre des forces.
Une fois assurés de l'absence de nouveau danger immédiat, je dépêchai plusieurs groupes pour trouver une sortie et poursuivre nos périple. Tous sauf un revinrent l'air abattu: les passages qu'ils avaient explorés finissaient tous en cul-de-sac. L'angoisse se fit plus vive dans les jours qui suivirent: qu'était-il arrivé à nos compagnons ? Allions-nous devoir revenir sur nos pas ? Quelle terrible décision ce serait pour nous car je voyais bien qu'un échec pourrait signifier la dislocation de la colonne.
Enfin, un matin, le groupe réapparut. Ils avaient trouvé un passage et au-delà de ce passage, ils avaient trouvé quelque chose. Le bruit se répandit dans tout le campement et il aurait été bien inutile de donner l'ordre du départ: une effervescence de ruée vers l'or régnait parmi nous et je dus surtout réfréner les débordements d'enthousiasme. L'après-midi même nous étions en route: les éclaireurs nous conduisirent à travers une nouvelle ravine. Celle-ci filait droit vers l'Est.
Le surlendemain, alors que le jour touchait à sa fin, nous arrivions: une vallée s'ouvrait devant nous. Elle était couverte d’une jungle luxuriante et grouillante de vie. L’épaisseur de la jungle laissait cependant deviner un nombre impressionnant de ruines d’origine inconnues. Une grande civilisation devait avoir jadis occupé cette vallée.
Mais ce qui attira le plus notre attention était un grand lac qui s'étendait au centre de la vallée et au centre de ce lac s’élevait un immense édifice noir comme une nuit sans Lune.
Nous avions juste le temps de descendre dans la vallée et d'établir notre campement. Tout paraissait paisible. Dès le lendemain, nous espérions enfin commencer à explorer les édifices les plus proches. Alors que les premiers feux étaient allumés, je vis Mangbama s'approcher avec un groupe de silhouettes.
- Commandant, me dit-il, tu dois écouter ce que ces personnes ont à te dire !
Je me tournais, étonné, vers le groupe qui l'accompagnait.
- Vous avez toute mon attention, parlez !
Un silhouette s'avança alors et rejeta l'étoffe qui !dissimulait son visage, révélant une jeune femme très belle. Les bijoux qu'elle portait la désignaient comme étant de sang royal. Ce que confirmait la noblesse de ses traits et la dignité de leur expression.
- Des feux, Commandant ! Il te faut plus de feux ! Tout autour du campement.
30 novembre 1884
HL
(à suivre...)
Jean-Michel II- Messages : 954
Date d'inscription : 22/10/2012
Localisation : 78
Piotr Szut aime ce message
Re: Au coeur des ténèbres: Dans les anneaux du Fleuve-Serpent
Rapport de combat toujours aussi agréable à lire.
+ 1 pour le Ti Rex.
+ 1 pour le Ti Rex.
korre- Messages : 888
Date d'inscription : 31/05/2012
Jean-Michel II aime ce message
Re: Au coeur des ténèbres: Dans les anneaux du Fleuve-Serpent
Merci.korre a écrit:Rapport de combat toujours aussi agréable à lire.
+ 1 pour le Ti Rex.
Le scénario n'est pas du tout conçu pour se dérouler comme ça : un jet de dés extrême en a fait sauter la moitié !
Et avec cela, le conteur de tour s'est affolé en crevant le plancher...
Mais ce sont les dés qui ont le dernier mot: l'important, c'est que tout finisse bien...
Jean-Michel II- Messages : 954
Date d'inscription : 22/10/2012
Localisation : 78
Re: Au coeur des ténèbres: Dans les anneaux du Fleuve-Serpent
Après un tyrex, que va t'il bien se passer ? Je vais faire chauffer du pop-corn et j'attends !
Excellent en tout cas
Excellent en tout cas
wilhelm- Messages : 132
Date d'inscription : 13/10/2013
Jean-Michel II aime ce message
Re: Au coeur des ténèbres: Dans les anneaux du Fleuve-Serpent
Scénario Trex interessant!
Michel 91- Messages : 3459
Date d'inscription : 05/06/2012
Localisation : Essone (91)
Jean-Michel II aime ce message
Re: Au coeur des ténèbres: Dans les anneaux du Fleuve-Serpent
La colonne doit pousser en avant en collant aux décors. Avec la règle Confusion, c'est pas tout cuit.Michel 91 a écrit:Scénario Trex interessant!
Au début, c'est de l'infiltration: ça va grogner dans les fourrés, mais pas plus.
Au milieu ou dès qu'un groupe force l'allure, les Raptors arrivent un par un et le groupe a les moyens de les repousser. Malheureusement, quelqu'un va bien finir par tirer un coup de feu...
Là, le T-Rex déboule sur la table et il a très faim... Il faut espérer que la colonne est à ce moment assez proche de son bord de sortie pour fuir avant de se faire boulotter.
A noter que les Raptors et le T-Rex apparaissent sur un point aléatoire de la table et qu'ils attaquent ce qu'il y a de visible et de plus proche. Donc pas forcément un groupe de la colonne...
Dans la partie jouée, aucun groupe n'avait forcé l'allure ou tiré lorsque le T-Rex est apparu: du coup, il a juste traversé la table, passant à côté d'un savoureux en-cas...
Dernière édition par Jean-Michel II le Mar 1 Sep - 0:20, édité 3 fois
Jean-Michel II- Messages : 954
Date d'inscription : 22/10/2012
Localisation : 78
Re: Au coeur des ténèbres: Dans les anneaux du Fleuve-Serpent
Par curiosité, ayant entendu parlé d'une règle Pulp où les T-Rex paraissent plutôt... poétiques, j'ai voulu tester un affrontement avec toute la colonne en ligne de feu face à la bestiole, avec les cartes Totems dont elle disposait lors de son apparition.wilhelm a écrit:Après un tyrex, que va t'il bien se passer ? Je vais faire chauffer du pop-corn et j'attends !
Excellent en tout cas
Le T-Rex a perdu la moitié de ses PV et toute la colonne y est passé. La photo est dans le CR.
Quand la colonne de Michel atteindra la vallée, nous pourront voir comme il s'en sort. Cela risque aussi d'être... intéressant !
Jean-Michel II- Messages : 954
Date d'inscription : 22/10/2012
Localisation : 78
Re: Au coeur des ténèbres: Dans les anneaux du Fleuve-Serpent
Contre les T-Rex, y'a Baygon vert maxi-format!
Michel 91- Messages : 3459
Date d'inscription : 05/06/2012
Localisation : Essone (91)
Re: Au coeur des ténèbres: Dans les anneaux du Fleuve-Serpent
Cela risque d'être surtout efficace sur les joueurs...Michel 91 a écrit:Contre les T-Rex, y'a Baygon vert maxi-format!
Jean-Michel II- Messages : 954
Date d'inscription : 22/10/2012
Localisation : 78
Piotr Szut aime ce message
Re: Au coeur des ténèbres: Dans les anneaux du Fleuve-Serpent
Une aventure qui fait frissonner.
Merci pour le Compte Rendu.
Serge
Merci pour le Compte Rendu.
Serge
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Heureux les fêlés, ils laissent passer la lumière
Audiard
Piotr Szut- Messages : 216
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